Courrier des lecteurs

Publié le 7 juillet 2008 Lecture : 5 minutes.

Constitutions sur mesure
– Juste un mot pour confirmer à Béchir Ben Yahmed (« Ce que je crois » du J.A. n° 2475) que sa liste des pays dont les constitutions interdisent à la même personne d’effectuer plus de deux mandats présidentiels n’est, effectivement, pas exhaustive. Il faudrait y ajouter le Niger, qui connaît actuel­lement des manÂuvres politiciennes visant à changer la Constitution pour permettre un éventuel troisième mandat de Mamadou Tandja. Un grand merci à J.A., dont j’aimerais cependant que la rédaction accorde plus d’importance aux pays qui, s’ils ne sont pas des « phares » du continent, comptent néanmoins beaucoup de ses lecteurs assidusÂ
Idrissa Yaou Adamou, par courriel

Transferts d’argent
– Dans votre article « L’émigré, cette vache à lait » (J.A. n° 2476) consacré au livre de Gaston-Paul Effa Nous, enfants de la tradition, vous dites que « la plupart des Africains installés en Europe envoient les trois quarts de leur salaire au pays ». Cela me semble beaucoup.
Amandine Diallo, Dakar, Sénégal

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Réponse : L’éditeur de Gaston-Paul Effa avance ce chiffre. Mais vous avez raison. Selon une étude réalisée en France, en 2006, par la Caisse nationale des Caisses d’épargne, il apparaît que les sommes d’argent envoyées par les immigrés à leur famille sont très variables. 60 % des personnes originaires d’Afrique subsaharienne enverraient entre 15 % et 25 % de leurs revenus. Mais dans certains cas, ce chiffre peut aller jusqu’à 40 %.
S.K-G.

L’Algérie à l’heure du bilan
– Le « Plus » du J.A. n° 2466 dresse une forme de bilan de la société algérienne mais n’évoque pas certains problèmes sociétaux. Deux catégories sociales paraissent se tourner le dos, la première étant de plus en plus conservatrice à mesure que la seconde se rapproche du modèle occidental Sans oublier une troisième catégorie, moins visible, qui se déchire entre les deux autres. Sans oublier la question de l’éducation. Si les taux de réussite au bac et à d’autres diplômes sont en constante progression, le niveau général, lui, est en chute libre. Les universités produisent en quantité, et peu en qualité. Ce qui est la conséquence, à mon avis, de l’arabisation acharnée – et, hélas, mal organisée – et de la fuite des cerveaux vers l’Occident. Enfin, dernier problème, et non des moindres : y aura-t-il oui ou non un troisième mandat pour le président Bouteflika ? De la réponse à cette question dépend l’avenir de la population algérienne.
Derguini Mohamed el Hadi, Oum Theboul, Algérie

J.A. a changé de cap…
– Depuis des années, Jeune Afrique dicte aux Africains leur ligne de conduite. À sa naissance, Jeune Afrique, dont nous avions salué le travail de pionnier, divisait notre continent en deux : l’Afrique du Nord et l’Afrique noire. Puis l’Afrique du Nord est devenue Maghreb, puis Maghreb et Moyen-Orient ; et l’Afrique noire, Afrique subsaharienne. Vous partagez ce continent comme bon vous semble. Quand les Africains sont noirs, vous les mettez ensemble et ils forment l’Afrique subsaharienne, exception faite de la Mauritanie qui est intégrée au Maghreb alors qu’une minorité blanche ou musulmane opprime les autres, en particulier les Noirs que vous appelez « Négro-Mauritaniens ». Aux États-Unis, vous qualifiez les Noirs d’Africains-Américains ou de métis, et non d’Américains. Quant au cas Mugabe : vous soutenez des positions qui sont diamétralement opposées à celles de l’opinion africaine. Selon les sondages, les masses africaines soutiennent le président Mugabe dans sa seconde lutte contre les Britanniques et leurs alliés, y compris l’Allemagne, la France et, bien sûr, les États-Unis. Malheureusement, Jeune Afrique a changé de cap pour être aux côtés de ceux qui exploitent les richesses de notre continent.
Dr Charles Pem, Allemagne

Réponse : Le journal que vous avez entre les mains s’appelle depuis toujours Jeune Afrique, au singulier. Et il est le seul hebdomadaire panafricain au monde, quelle que soit la langue. C’est dire si pour nous, comme pour vous, l’Afrique est une. Quant aux sections géographiques qui semblent vous poser problème, elles sont là pour tenir compte d’une évidence : ce continent est constitué comme les autres de zones géographiques qui ont leur dynamisme, leur culture et leur évolution particulières. Quant au « cas » Mugabe, J.A. a, à plusieurs reprises, établi et dénoncé la part de responsabilité de l’ancienne puissance coloniale dans la dérive que connaît le Zimbabwe. Ce qui n’exonère en rien l’ancien combattant de la liberté devenu dictateur de sa propre culpabilité. Au fait, à quels « sondages » faites-vous allusion ? Nous serions curieux de le savoirÂ
François Soudan

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Gouvernance manioc
– Revoilà Mugabe, « réélu », investi, soutenant à Charm el-Cheikh le regard de ses homologues, et peu soucieux des imprécations de l’Occident. Un Occident qui n’est pas sans reproche. D’abord, il a fini par donner l’impression que sur Mugabe il fait une fixation injustifiée. Rares sont les Africains qui ne pensent pas que les « Blancs » s’en prennent à Mugabe parce que sa réforme agraire s’est faite au détriment de la minorité blanche de son pays. De même, si l’homme fort de Harare est le seul leader dans l’histoire de l’économie à survivre à une inflation à cinq chiffres, c’est bien parce que la guerre économique pour son pays et pour une large partie de l’opinion africaine est moins importante que la résistance au colonialisme qu’incarne, à leurs yeux, le président Mugabe. Enfin, et l’homme de la rue et l’intellectuel africain ne peuvent pas cautionner la politique de deux poids deux mesures que l’Occident veut pour les Zimbabwéens et pour les Kényans, par exemple. Qu’il s’agisse de Mugabe ou de ce type d’élection où le gagnant devrait se contenter du poste de Premier ministre, c’est l’Afrique, une fois de plus, qui est à plaindre. L’Amérique a donné au monde les démocraties bananières ; l’Afrique lui offre la Gouvernance manioc. Mugabe, à cet égard n’est pas le monstre, mais la mascotte.
Adam Thiam, militant de l’intégration africaine, Bamako, Mali

Bravo à la nouvelle équipe de J.A. !
– J’ai le plaisir de vous écrire pour vous exprimer ma sympathie pour le nouveau style que prend le contenu de J.A. Je baigne dans votre hebdomadaire depuis ma naissance, et c’est un plaisir de voir cette nouvelle énergie enrichir notre journal. Nous regrettons bien sûr le départ de Béchir Ben Yahmed, mais nous faisons confiance à cette nouvelle équipe. Tous mes vÂux pour que Si Béchir se réalise autant que par le passé dans ses nouvelles activités.
Mustapha Chouikha, president de LEAD-Tunisie

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Critiquer ses dirigeants
– J’ai particulièrement apprécié les éditoriaux de Béchir Ben Yahmed et de Marwane Ben Yahmed (J.A. n° 2473), respectivement intitulés « Le tournant Bemba » et « Sexe et pouvoir ». Qu’attendent les citoyens africains pour prendre leurs responsabilités, individuellement ou collectivement, dans la lutte pour une démocratie digne de ce nom ? Quand verra-t-on des manifestations prodémocratiques, pacifiques et organisées, dans les rues des capitales africaines, menées par des politiques, des fonctionnaires, des juristes et des artistes ? Serait-il plus facile de condamner « les Blancs » (parce que les structures de justice internationale ne comptent pas assez d’Africains, par exemple) que de critiquer certains leaders africains ?
Peter van Dijk, Toulouse, France

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