Soudan : al-Burhane confirmé comme le véritable homme fort du pays
Le chef de l’armée a annoncé, ce jeudi, la mise en place d’un nouveau Conseil de souveraineté, dont il prend la tête. Plusieurs personnalités qui réclamaient un transfert rapide du pouvoir aux civils en sont écartées.
Deux semaines après le putsch du 25 octobre et ignorant les pressions de la communauté internationale, le chef de l’armée soudanaise a formé, ce jeudi 11 novembre, un nouveau Conseil de souveraineté, constitué de 14 membres. C’est cet organe, que présidera le général Abdel Fattah al-Burhane, qui dirigera désormais le pays.
Plusieurs organisations de la société civile ont promis de résister via une campagne de désobéissance civile incluant des grèves et de vastes rassemblements. Jeudi, des manifestants ont bloqué des routes et incendié des pneus dans certains quartiers de Khartoum, berceau des manifestations pro-démocratie ces deux dernières années. Internet est également toujours coupé dans la capitale soudanaise.
L’armée renforce son emprise
Ces derniers mois, les militaires avaient à plusieurs reprises répété qu’ils s’effaceraient au profit des civils, ainsi qu’ils s’y étaient engagés après la chute du président Omar el-Béchir, renversé le 11 avril 2019, mais l’annonce faite jeudi sur les ondes de la télévision publique prouve que l’armée a renforcé son emprise sur le pouvoir et qu’elle n’a pas l’intention d’y renoncer.
Abdel Fattah al-Burhane a par ailleurs fait savoir qu’il conservait comme numéro deux le commandant des Forces rapides de soutien (RSF), Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemetti. Les hommes qui composent ce puissant groupe paramilitaire ont plusieurs fois été accusés d’exactions, y compris lors de la révolte qui a contribué à chasser el-Béchir du pouvoir.
Trois généraux, qui appartenaient au précédent Conseil de souveraineté, lequel comptait 11 membres, ont également été maintenus dans leurs fonctions. À leurs côtés, au sein du nouveau Conseil, des représentants des groupes rebelles qui avaient négocié, l’année dernière, un accord de paix avec le gouvernement, ainsi que des personnalités issues des différentes régions du pays.
« Vive préoccupation » de l’ONU
Le putsch du 25 octobre a mis fin à l’accord de partage du pouvoir entre l’armée et les civils conclu en 2019 et qui devait aboutir à l’organisation d’élections fin 2023. Les membres du gouvernement n’ont en revanche pas été remplacés et plusieurs d’entre eux sont toujours détenus à Khartoum. Arrêtés dans la foulée du coup d’État, le Premier ministre de transition, Abdallah Hamdok, a depuis été libéré et placé en résidence surveillée.
Des tentatives de médiation ont été lancées afin d’obtenir la libération des prisonniers politiques et rétablir le partage du pouvoir, ont affirmé plusieurs sources contactées par Reuters, mais les discussions indirectes entre Hamdok et l’armée n’ont pour l’heure permis aucune avancée.
Les Nations unies ont exprimé leur « vive préoccupation ». « Nous voulons un retour de la transition aussi vite que possible », a insisté le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, réclamant la libération de Hamdock et de tous ceux qui ont été détenus dans le sillage des événements du 25 octobre. Les membres du Conseil de sécurité se sont par ailleurs réunis à huis clos jeudi pour évoquer la situation au Soudan.
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