Bienvenue à « Guantanamito »

Amnesty International dénonce une « politique d’arrestation et de renvois collectifs » qui « fait suite aux pressions intenses exercées par l’Union européenne, et notamment l’Espagne ».

Publié le 7 juillet 2008 Lecture : 2 minutes.

C’est une ancienne école de Nouadhibou, carrefour commercial situé au nord de la Mauritanie, sur les rives de l’Atlantique. À l’intérieur, plus de deux cents lits superposés. Sur les murs, des inscriptions : « Libérez-nous s’il vous plaît ; que Dieu nous donne la chance de ne plus revenir ici », ou encore « Fatigué de vivre mais peur de mourir. Que faire ? » Bienvenue au Centre d’accueil pour migrants clandestins, surnommé « Guantanamito » par les habitants de Nouadhibou. Ouvert en avril 2006 par les autorités mauritaniennes, il accueille chaque mois quelque 200 à 300 migrants subsahariens. Dans un rapport publié le 1er juillet, Amnesty International (AI) juge illégales les conditions de leur arrestation et de leur transfert dans leurs pays d’origine.
Depuis le renforcement du contrôle des frontières marocaines, fin 2005, les Africains qui espèrent gagner le prétendu eldorado européen ont dû changer d’itinéraire : au lieu de gagner Gibraltar par les côtes du royaume chérifien, ils s’embarquent sur des pirogues à destination des Canaries depuis la Mauritanie, plus précisément depuis Nouadhibou, le point du pays le plus proche de l’archipel espagnol (800 kilomètres). Bien souvent, ils sont maliens ou sénégalais et sont entrés en toute légalité sur le territoire mauritanien, les autorités n’exigeant pas de visa pour les ressortissants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), bien que Nouakchott n’en soit plus membre.
À Nouadhibou, il est de plus en plus fréquent qu’ils soient arrêtés – et parfois détroussés – par les forces de sécurité, au simple prétexte qu’ils sont des « candidats » au départ, dénonce AI. Pourtant, au regard de la loi, ce n’est ni un délit ni un crime de quitter le territoire ainsi, précise le rapport, qui met à l’index la criminalisation des mouvements de population. Sans possibilité de recours judiciaire, les suspects sont placés dans le centre de rétention pour un séjour d’une semaine en moyenne, avant d’être reconduits à la frontière. Une « politique d’arrestation et de renvois collectifs » qui « fait suite aux pressions intenses exercées [Â] par l’Union européenne et notamment l’Espagne », selon AI, qui accuse « la forteresse Europe » de repousser ses frontières vers le Sud.

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