Bemba, d’une cellule l’autre
Après une série d’appels et de recours, Jean-Pierre Bemba a finalement été transféré, le 3 juillet, au quartier pénitentiaire de la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye. À bord d’un véhicule sous escorte, l’opposant et ex-vice-président congolais a quitté la cellule VIP de la prison de Saint-Gilles, à Bruxelles, qu’il occupait depuis son arrestation le 24 mai dans sa villa de la capitale belge, en exécution d’un mandat de la CPI. Il est accusé de crimes de guerre et contre l’humanité commis en Centrafrique (voisine de la RD Congo) entre octobre 2002 et mars 2003. Moins de trois heures plus tard, il arrivait à la prison de Scheveningen, une banlieue chic de la capitale néerlandaise. Dans la salle de sport ou la bibliothèque de cette grande bâtisse de briques, il pourra côtoyer des détenus comme Charles Taylor, ex-président du Liberia, actuellement jugé dans les locaux de la CPI, ou encore Mathieu Ngudjolo et Germain Katanga, deux Congolais également accusés de crimes de guerre et contre l’humanité.
Convaincu qu’il serait libéré par la justice belge, le chef du Mouvement de libération du Congo (MLC) est finalement pris dans les mailles d’une implacable machine judiciaire. Première audience, confirmation des charges, protection des victimesÂÂÂ Son procès, s’il doit avoir lieu, ne débutera pas avant une longue série de procédures, soit au début de 2009 au plus tôt. « Je suis sereine, mon mari est innocent », continue pourtant de répéter son épouse, Liliane, qui projetait d’aller lui rendre visite dès le lendemain de son transfert. D’après elle, « Jean-Pierre » est lui aussi serein : ses cinq enfants, scolarisés à Bruxelles, viennent tous de réussir leurs examens de fin d’année et passent dans la classe supérieureÂÂÂ
Leur père plaidera non coupable. Principal argument de la défense : Bemba n’a jamais été dans la chaîne de commandement qui a conduit ses hommes à violer – l’un des principaux chefs d’accusation retenus contre lui, en tant que chef du MLC. Il était la majeure partie du temps en Afrique du Sud au moment des faits, dont il a lui-même informé, par courrier, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Centrafrique. Des sanctions ont été prises contre les coupables, à l’époque. Bref, pour le clan Bemba, l’affaire est le fruit d’une manipulation politique qui renforce le régime de Kinshasa.
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