Amorce d’une décrispation
Publié le 7 juillet 2008 Lecture : 2 minutes.
Le ministre érythréen des Affaires étrangères, Osman Mohamed Saleh, a déclaré, le 1er juillet, que son pays était disposé à discuter du contentieux territorial qui l’oppose à Djibouti. Cette annonce survient au lendemain de la condamnation par l’UA de l’action militaire de l’Érythrée contre son voisin. Des affrontements armés avaient éclaté le 12 juin dans la région de Ras Doumeira, située en territoire djiboutien et occupée depuis le 16 avril par les forces érythréennes. Les combats à l’arme lourde avaient fait une vingtaine de morts et une dizaine de disparus côté djiboutien, et un nombre indéterminé de victimes côté érythréen. L’incident, provoqué par la désertion d’une trentaine de soldats d’Asmara qui avaient trouvé refuge derrière les lignes adverses, s’inscrit dans un contexte de vive tension régionale.
Djibouti a accueilli l’offre d’Asmara avec scepticisme. « Nous souhaitons évidemment le dialogue, affirme une source autorisée à la présidence. Mais aucun détail ne nous est encore parvenu. Peut-être qu’Asmara souhaite seulement se donner un ballon d’oxygène avant l’arrivée de la mission mandatée par le Conseil de sécurité de l’ONU, attendue mi-juillet. » L’Érythrée a jusqu’ici refusé les propositions d’arbitrage de la Ligue arabe, de l’UA et de l’émir du Qatar, sollicité par le président Ismaïl Omar Guelleh ; mais personne n’imagine que la crise puisse dégénérer en guerre ouverte. Addis-Abeba ne resterait pas les bras croisés. Et Djibouti se sait protégé par la présence sur son sol de plusieurs milliers de soldats occidentaux – 2 800 Français et 1 500 marines. Paris a renforcé son dispositif dans la zone de Khor Angar et apporte une aide logistique à son allié de la corne de l’Afrique. Le président Guelleh a parlé de la France en des termes particulièrement élogieux dans le discours qu’il a prononcé le 27 juin pour le 31e anniversaire de l’indépendance. Il est un peu tôt pour dire que la page de l’affaire Borrel a été définitivement tournée, mais une chose est sûre : aujourd’hui, elle est entre parenthèses.
