RDC : la Lucha en guerre contre l’état de siège

Le mécontentement d’une partie de la population vis-à-vis de l’état de siège s’intensifie en Ituri et dans le Nord-Kivu. Treize militants de la Lutte pour le changement (Lucha), qui plaide pour une démilitarisation des administrations, ont été arrêtés jeudi et confiés à la justice militaire.   

 © Kash

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  • Kash

    Caricaturiste, bédéiste et peintre congolais installé à Kinshasa.

Publié le 13 novembre 2021 Lecture : 2 minutes.

Six mois après son instauration dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, l’état de siège n’a pas encore produit les résultats escomptés. Au contraire, même, la controverse ne cesse d’enfler autour de la question de son efficacité. Tandis qu’à l’Assemblée nationale, les députés membre de la commission défense ont soumis les ministres en charge du dossier à une audition qui a révélé de nombreux problèmes – manque de préparation, dépassements budgétaires, faiblesse des résultats… – à Beni, dans le Nord-Kivu, la société civile monte au créneau.

Jeudi 11 novembre, la Lutte pour le changement (Lucha) a tenté d’organiser une manifestation devant la mairie de la ville pour réclamer la levée de l’état de siège. L’organisation de la société civile s’est en effet montrée très critique envers le dispositif, dès sa mise en place. À défaut de la levée de l’état de siège, la Lucha réclame depuis des mois de « démilitariser complètement les administrations publiques » et de « rétablir les juridictions civiles ». Dès le mois d’août dernier, elle réclamait par ailleurs aux autorités congolaises d’écarter de la gestion des affaires les militaires « soupçonnés de violations graves des droits humains, de collusion avec les groupes armés ou de trafics divers ».

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Échéance indéterminée

Mais la manifestation a tourné court. À peine les banderoles déployées, la police est intervenue et a procédé à l’arrestation de 13 militants « portant des tee-shirts avec la mention Lucha ». Ils ont été confiés à la justice militaire, qui a remplacé les tribunaux civils depuis la mise en place de l’état de siège.

Jean-Paul Lusenge, porte-parole du mouvement à Beni, a par ailleurs affirmé que quatre de ces militants arrêtés étaient blessés. « Nous avons enregistré plus de morts qu’avant », a-t-il insisté auprès de l’AFP, évoquant « une moyenne de huit tués par jour ».

Revenir en arrière serait un aveu d’échec difficile à assumer devant l’opinion, analysent les experts du GEC

Malgré les critiques, Félix Tshisekedi semble bien décidé à maintenir l’état de siège, bien qu’il était, à l’origine, prévu pour n’être que temporaire. En marge de l’Assemblée générale des Nations unies, le 21 septembre dernier, il avait même précisé qu’il ne comptait le lever que « lorsque les circonstances qui l’ont motivé disparaîtront ».

« Revenir en arrière, alors que les tueries se poursuivent manifestement, serait un aveu d’échec difficile à assumer devant l’opinion », analysaient les experts du Groupe d’étude sur le Congo, fin octobre, dans un podcast dédié au sujet. Un argument politique d’autant plus fort que la mesure bénéficie du soutien de 63% des personnes interrogées dans le cadre d’un sondage réalisé en septembre par la même ONG. Le GEC n’en pointe pas moins le fait que « de manière plus pernicieuse, les militaires qui ont obtenu, grâce à cette mesure, des postes et l’accès à des ressources, n’ont pas d’intérêt personnel à ce qu’elle prenne fin ».

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