Une guerre de trois ans

Publié le 7 juillet 2003 Lecture : 3 minutes.

La deuxième Intifada palestinienne est donc sur le point de s’achever, près de trois ans après son déclenchement, le 29 septembre 2000.
Elle s’achève parce que les deux protagonistes sont fatigués et qu’ils sont parvenus à la conclusion qu’aucun d’eux ne parviendra à faire plier l’autre.
Elle n’aura eu que des inconvénients, certains fort graves :
– pour les Palestiniens, qui ont eu le tort de s’y engager, de la militariser et d’y réintroduire en force le facteur terroriste ;
– pour les Israéliens, qui, de Netanyahou à Barak, ont « promené » les Palestiniens et les ont poussés à l’exaspération et au désespoir en retardant l’application des plans d’évacuation prévus par les accords d’Oslo et en multipliant les colonies de peuplement.

Bilan (provisoire), au terme d’une vraie guerre de trois ans : plus de 3 200 morts, dont plus de 2 400 Palestiniens et 800 Israéliens (ratio : trois quarts, un quart), auxquels s’ajoutent plus de 10 000 blessés. Entre 5 000 et 8 000 Palestiniens sont détenus dans des conditions qui ne font pas honneur à une démocratie, des centaines de maisons ont été détruites, ainsi que l’infrastructure administrative de l’Autorité palestinienne.
J’espère que les archives permettront aux chercheurs d’identifier les Palestiniens et les Israéliens responsables de ce gâchis.

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Comme de juste, il revient à l’actuel Premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas, opposé depuis le début à cette Intifada, de conduire, du côté palestinien, le retour au statu quo ante.
Mais, quels que soient les efforts des uns et des autres, on ne retrouvera pas, ou pas de sitôt, la dynamique créée par les accords d’Oslo.
La manière dont l’Intifada a été menée par les Palestiniens et combattue par les Israéliens a infligé à leur réputation – et à l’idée qu’ils se font les uns des autres – des dommages encore plus difficiles à réparer que les destructions. Et ce qui oppose les protagonistes – frontières, colonies de peuplement, problème de l’éventuel retour des réfugiés palestiniens – s’est cristallisé et exacerbé.

Plus négatif encore à mes yeux, et plus important, est ce que j’appellerais la droitisation de l’opinion israélienne et, par contagion, celle de la diaspora juive. La gauche israélienne s’est rétrécie, le Likoud et ses idées ont beaucoup progressé à l’intérieur d’Israël et aussi, de manière sensible, à l’extérieur.
Comme les États-Unis, Israël se sent puissant et vulnérable, d’autant plus vulnérable que puissant.
Tant que ce phénomène n’aura pas reflué de manière significative, tant que seront au pouvoir, en Israël et aux États-Unis, les hommes qui l’incarnent, il n’y aura pas, je le crains, de solution équitable et durable au problème israélo-palestinien. On rêvait de paix, d’entente et de coopération, on aura à la place, dans le meilleur des cas, une coexistence dans l’inégalité, la méfiance et le ressentiment.

Et l’Irak ?
Cent jours après l’occupation de Bagdad par l’armée américaine et la chute du régime de Saddam Hussein, l’Irak est un pays occupé et colonisé : un haut fonctionnaire américain sans expérience politique, Paul Bremer, nommé et dirigé depuis Washington par Donald Rumsfeld, y détient les prérogatives civiles et militaires d’un proconsul-résident général. Son pouvoir est encore plus absolu que celui de Saddam.
L’armée d’occupation n’est pas venue à bout du désordre et de la violence : chaque jour elle donne et reçoit des coups, et nul ne sait si la situation va s’améliorer au cours des prochains cent jours.
Donald Rumsfeld, toujours lui, en dit ceci, qui résume tout : « Mon opinion est que nous sommes en guerre, en guerre mondiale contre le terrorisme. Ceux qui ne sont pas d’accord avec cela sont, pour la plupart, des terroristes. Si vous voulez appeler cela enlisement, allez-y. Mais moi, je ne suis pas d’accord. »

Nous tenterons, dans les prochaines semaines, de rassembler en un dossier central les éléments de réponses aux trois questions principales que vous devez vous poser :
– Quel rôle joue encore Saddam Hussein ? En supposant qu’il soit encore en vie et actif, de quels moyens (ou débris) dispose-t-il ?
– Son avenir étant de toute manière derrière lui, qui, après lui, dans six mois ou dans un an, gouvernera l’Irak ?
– Quelles chances ont les Américains de faire de ce pays un nouveau satellite ?

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