Conférence pour la Libye : les élections de décembre maintenues, malgré des désaccords

La communauté internationale, réunie ce vendredi à Paris, a acté le maintien de l’organisation des élections en Libye le 24 décembre. Un pari risqué alors que de nombreux critères ne sont pas encore réunis.

Le président français Emmanuel Macron s’entretient avec le Premier ministre libyen Abdelhamid Dbeibah (dr.) et le président du Conseil présidentiel, Mohamed Al-Manfi, en marge de la conférence sur la Libye, le 12 novembre 2021 au palais de l’Elysée, à Paris. © AFP / Yoan VALAT

Le président français Emmanuel Macron s’entretient avec le Premier ministre libyen Abdelhamid Dbeibah (dr.) et le président du Conseil présidentiel, Mohamed Al-Manfi, en marge de la conférence sur la Libye, le 12 novembre 2021 au palais de l’Elysée, à Paris. © AFP / Yoan VALAT

Publié le 12 novembre 2021 Lecture : 3 minutes.

À la conférence internationale pour la Libye, ce 12 novembre à Paris, le même message a été martelé par Emmanuel Macron et ses homologues allemand, Angela Merkel, et italien, Mario Dragui. L’enjeu principal est « d’organiser des élections présidentielle et législatives libres, régulières, inclusives et crédibles ». Les dirigeants réunis demandent donc aux candidats de respecter les droits de leurs opposants politiques et d’accepter le résultat des scrutins.

La conférence a été marquée par la présence conjointe du président Mohamed Al Menfi et du Premier ministre Abdulhamid Dabaiba, qui ont posé côte à côte à leur arrivée à la Maison de la Chimie. Cette image d’un exécutif uni à la tête de la Libye n’était pas évidente alors que se joue entre les deux hommes une bataille d’influence dans les coulisses du pouvoir, à Tripoli. Abdulhamid Dabaiba était ainsi accompagné de sa ministre des Affaires étrangères Najla Al Mangoush, qui avait pourtant été suspendue par le président le 6 novembre et interdite de voyager à l’étranger.

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Mais devant le parterre de journalistes, les deux hommes ont affiché leur volonté commune de réussir à organiser les élections dans les délais impartis. Emmanuel Macron, qui s’était entretenu avec eux en amont de la conférence, ainsi qu’avec les deux représentants du comité militaire mixte libyen (5+5) comprenant 5 membres du gouvernement libyen de Tripoli et 5 membres des forces du général Khalifa Haftar, a rappelé que « la clé du processus électoral est dans le déroulement d’une organisation impliquant toutes les parties ».

Divisions sur la loi électorale

Si l’accent a été mis sur le respect du calendrier, le discours d’Abdelhamid Dabaiba laisse cependant présager de nouveaux retards. Le Premier ministre demande un amendement à la loi électorale élaborée par le Parlement libyen. « Cette loi soulève certains problèmes », confirme la ministre Najla Al Mangoush. Selon une source à l’Élysée proche du dossier, il s’agirait surtout de supprimer l’article 12 de la loi portant sur les critères de sélection des candidatures à la présidentielle.

Le retrait de cet article permettrait aussi à Abdelhamid Dabaiba de se présenter. « C’est une possibilité », reconnaît notre source. Malgré les rumeurs sur ses velléités de se porter candidat, le Premier ministre préfère éluder : « Si le processus électoral a lieu de façon honnête, je remettrai le pouvoir aux autorités élues qui auront été choisies par le peuple libyen ».

Le retrait des mercenaires

Déjà évoquée lors de la dernière conférence de Berlin en juin, la question du retrait des forces et mercenaires étrangers avance à petit pas. La chancelière Angela Merkel a rappelé que « la condition pour la bonne tenue du scrutin est la stabilité et sécurité, ce qui nécessite donc d’acter le retrait des mercenaires étrangers ». Si le départ de 300 mercenaires encadrés par le comité 5+5 a été annoncé, le plan d’action de retrait des forces étrangères reste flou.

La Russie a reconnu qu’il pouvait y avoir un processus basé sur la réciprocité, mais la Turquie demeure rigide

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La Russie, dont la société paramilitaire Wagner opère aux côtés du général Khalifa Haftar, est plus ouverte sur la question. Elle a reconnu qu’il pouvait y avoir un processus basé sur la réciprocité. Mais la Turquie, ayant soutenu militairement l’ex-gouvernement de Tripoli contre l’offensive du général Haftar, demeure beaucoup plus rigide. Lors de la réunion à huis-clos, Sedat Onal, son vice-ministre des Affaires étrangères a d’ailleurs émis une réserve concernant le statut des forces étrangères.

Vers un dégel des avoirs ?

À Paris, un signal fort a été envoyé aux acteurs libyens pour les inciter à remettre de l’ordre dans la gouvernance et transparence de leurs institutions politiques et économiques. Les conclusions de la conférence mentionnent qu’en présence d’un gouvernement unifié, un dégel des avoirs pourra être envisagé par les Nations unies. Avec une nuance toutefois : il est précisé que « les avoirs seront mis à disposition pour être utilisés à une date ultérieure fixée par le Conseil de sécurité onusien ».

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Sur l’aspect économique, les participants à la conférence ont rappelé l’importance de mener à bien la réunification des Banques centrales libyennes (BCL) de l’ouest et l’est. Or la BCL de Tripoli qui perçoit les recettes pétrolières, lesquelles représentent la principale manne financière de l’État, se garde toujours d’en redistribuer une partie vers les institutions de l’est du pays.

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