RDC : « Le jour où je suis allé à l’enterrement de Laurent-Désiré Kabila », par Louis Michel

En ce 23 janvier 2001, c’est un pays chauffé à blanc que s’apprête à rejoindre le ministre des Affaires étrangères belge. Sept jours plus tôt, le président a été assassiné. Louis Michel est le seul représentant d’un État occidental à assister aux obsèques de Laurent-Désiré Kabila.

Louis Michel, alors ministre belge des Affaires étrangères, est le seul représentant d’un État occidental à assister aux obsèques de Laurent-Désiré Kabila, le 23 janvier 2001. © OLIVIER HOSLET/AFP

Louis Michel, alors ministre belge des Affaires étrangères, est le seul représentant d’un État occidental à assister aux obsèques de Laurent-Désiré Kabila, le 23 janvier 2001. © OLIVIER HOSLET/AFP

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Publié le 22 novembre 2021 Lecture : 3 minutes.

« Combien avaient tenté de me dissuader ? Beaucoup me disaient qu’il ne fallait pas aller à Kinshasa ce jour-là. Au sein du gouvernement belge et de mon cabinet, ils avaient peur et disaient que ça allait mal tourner. Ils n’avaient pas tout à fait tort. Ce 23 janvier 2001 a été une longue journée.

Nous avons atterri à Kinshasa dans la matinée. Avec moi, dans l’avion officiel, il y avait mes collaborateurs, mes gardes du corps et une quarantaine de journalistes. Dès que nous sommes arrivés, nous avons senti la ville remontée. Il y avait de la tension et de la colère, des envies de vengeance aussi.

Depuis l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, une semaine plus tôt, toutes les rumeurs rendaient la Belgique responsable de sa mort. Le 16 janvier, alors que l’heure était à la confusion et aux grandes manœuvres, j’avais été le premier à confirmer le décès du président – venant de l’ancienne puissance coloniale, cette annonce alimentait la machine à fantasmes. C’est pour cela que je ne pouvais pas ne pas me rendre à l’enterrement du président Kabila le 23 janvier. Cela aurait été perçu comme un aveu de culpabilité.

J’ai commencé par rendre visite à Joseph Kabila pour lui présenter mes condoléances. Il venait d’être choisi par la vieille garde qui entourait son père pour lui succéder, mais à l’époque, les habits de président semblaient trop grands pour lui. Il était très jeune, et pas très causant.

« Ils étaient des milliers à me hurler dessus »

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