Panique à Washington

Si un engin nucléaire s’abattait sur la capitale américaine…

Publié le 7 juillet 2003 Lecture : 2 minutes.

Le Tout-Washington est réuni pour l’investiture du nouveau président américain : membres de la Chambre des représentants, sénateurs, juges à la Cour suprême… Les chaînes de télévision du monde entier retransmettent l’événement en direct. Soudain, le trou noir. Un engin nucléaire miniature vient d’exploser sur Pennsylvania Avenue, à mi-chemin entre la Maison Blanche et le Capitole. Tout est détruit dans un rayon d’un mile. Les responsables politiques ? Désintégrés ! El-Qaïda vient une nouvelle fois de frapper.
Non, ce n’est pas un roman d’anticipation débile, mais le scénario apocalyptique échafaudé par les membres d’une « Commission pour la continuité de l’action gouvernementale » constituée par deux célèbres think-tanks de la capitale fédérale, l’American Enterprise Institute (AEI) et la Brookings Institution. Il s’agit de déterminer qui, en cas de disparition brutale de la plupart des membres de l’administration et du Congrès, est constitutionnellement habilité à diriger le pays. « Il n’y a pas de réponse claire à cette question », déplorent les « penseurs » de la Commission, dans le rapport qu’ils viennent de publier.
Pourtant, en cas de décès du chef de l’exécutif, l’ordre de succession est précisément fixé par le Presidential Succession Act (1947) : le vice-président, puis le président de la Chambre des représentants, celui du Sénat et les membres du gouvernement, en commençant par le secrétaire d’État. Mais le Législateur n’a pas prévu la désintégration simultanée de ces personnages, négligence d’autant plus coupable, paraît-il, que tous résident à Washington. Les membres de la Commission souhaitent donc que le secrétaire à la Sécurité intérieure figure à l’avenir sur la liste des successeurs constitutionnels (qu’est-ce que ça change ?) et plaident pour la nomination de remplaçants temporaires du président installés hors de la capitale fédérale.
De même, rien n’est prévu au Congrès pour le remplacement rapide des parlementaires décédés, alors qu’une éventuelle attaque terroriste exigerait naturellement l’adoption de mesures d’urgence. Le risque serait alors de voir un tout petit groupe de survivants s’emparer des rênes de l’institution. La Commission propose donc l’adoption par le Congrès d’un amendement constitutionnel en vue de combler cette lacune, suggestion qui est très loin de faire l’unanimité, à Washington.
« Trouver des solutions à ces problèmes permettrait d’empêcher que le pays ne sombre dans l’anarchie et le chaos, mais aurait également un effet dissuasif sur les terroristes », commente Norm Ornstein, d’AEI. Les attentats du 11 septembre ont constitué, pour les Américains, un terrible traumatisme. Tout le monde le comprend, mais quand même : deux ans après la tragédie, les plus exaltés des néoconservateurs auraient sans doute bien besoin d’un peu de repos.

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