Marrakech renoue avec le folklore

Publié le 7 juillet 2003 Lecture : 2 minutes.

La scène est restée désespérément vide de 1996 à 1999, et il n’y a pas plus eu de spectacle en 2002. C’est peu dire que le traditionnel Festival national des arts populaires (Fnap) de Marrakech, créé dans les années soixante, avait du plomb dans l’aile. Pourtant, ce 2 juillet, lors de l’ouverture officielle de la 38e édition, on pouvait espérer que les soucis d’organisation s’étaient définitivement évaporés dans le ciel étoilé de la nuit marrakchie. Les Ouled Sidi Hmad Ou Moussa, cette confrérie de jeunes acrobates de la région de Tiznit, survolaient l’estrade, la danseuse de la tribu des Ouara d’Ouled Teima (dans la province de Taroudant) virevoltait au plus fort de la danse de la vipère. Et tant d’autres… Dans la soirée, vingt-quatre troupes marocaines se sont succédé pour offrir une féérie de sons et de lumières.

Les efforts n’ont pas été ménagés pour permettre aux quelque 600 artistes venus de l’Atlas, du Rif ou du Sahara de se produire à Marrakech. Bien que tardivement, les financements nécessaires ont finalement été trouvés, et les gradins ont pu être installés au sein du gigantesque palais Badii, en plein coeur de l’ancienne Médina. Chaque soir, jusqu’au 6 juillet, ils pouvaient accueillir jusqu’à 3 500 personnes. Et pourtant, la décision ferme de tenir le festival en 2003 n’a été prise que deux mois avant la date d’ouverture prévue. Une nouvelle organisation et la création d’une Association du Fnap, moins dépendante financièrement des institutions, devrait permettre de s’y prendre plus longtemps à l’avance pour les prochaines années. « Maintenant que les problèmes sont réglés, nous ne nous arrêterons plus », promet Mohamed Knidri, le président de l’association.

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Ce renouveau au niveau de l’organisation du Fnap s’est doublé, cette année, d’une direction artistique originale. Le célèbre chorégraphe Lahcen Zinoun et le musicologue Ahmed Aydoune ont tenu à transformer un festival qui se déroulait chaque année un peu trop sur le même schéma : « Avant, ils faisaient du remplissage avec des tapis, des animaux, un présentateur qui interrompait le spectacle, explique Zinoun. Moi, je voulais souligner la danse et mettre le corps à nu. » Résultat ? Une scène en bois, épurée, installée devant l’imposante porte en ruine du palais Badii, des artistes qui surgissent de tous côtés, des haut-parleurs qui répercutent au loin, comme un écho, des chants que l’on croirait tout droit descendus des montagnes veillant sur la ville. Sur les visages de ces danseurs, paysans ou artisans dans la « vraie » vie, est perceptible la joie de témoigner de leurs traditions séculaires, au rythme des tambourins, sur des mélopées lancinantes et envoûtantes.
En marge du festival, ces troupes animaient les grandes places de Marrakech, des expositions de peintures et d’artisanat avaient été installées. Des groupes de folklore étrangers (polonais, sénégalais, égyptiens, ivoiriens, thaïlandais et français) avaient également été conviés à la fête, même si l’initiative consistant à mélanger des folklores si différents n’a pas toujours été bien perçue. Histoire, plus tard, d’internationaliser un festival qui mérite d’attirer à Marrakech encore plus de visiteurs, avides de culture marocaine. Pour l’heure, rendez-vous à été pris jusqu’en 2006 au moins : le Fnap se tiendra désormais tous les premiers week-ends du mois de juillet.

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