Isaias Samakuva

Nouveau président de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita)

Publié le 7 juillet 2003 Lecture : 3 minutes.

On attendait le flamboyant Paulo Gato, le jeune Eduardo Chinguji ou le proaméricain Abel Chivukuvuku. Finalement, à la surprise générale, c’est l’homme de l’ombre, le discret Isaias Samakuva, 57 ans, qui a été élu à la tête du l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita) le 27 juin dernier à Luanda au terme d’un congrès dont tout le monde, même le président Eduardo Dos Santos, a salué la transparence. Le nouveau chef de l’opposition angolaise n’est pas un homme à poigne comme Paulo Gato, le survivant du maquis. Mais l’ancien directeur de cabinet de Jonas Savimbi s’est forgé l’image d’un vieux sage capable de refermer les plaies ouvertes au sein de l’Unita par son illustre prédécesseur. Ni héritier ni fossoyeur, il semble déterminé à transformer le mouvement rebelle en machine à gagner les élections.

Jeune Afrique/L’Intelligent : En tant que successeur de Jonas Savimbi, serez-vous un continuateur ou un réformateur ?
Isaias Samakuva : Je ne me considère pas comme un réformateur. Simplement, nous changeons la méthode de combat. Nous reconnaissons que la lutte armée est terminée. Désormais, nous ne nous battrons que sur le terrain politique.
J.A.I. : Paulo Gato était favori. Comment expliquez-vous votre victoire ?
I.S. : Depuis plusieurs mois, un certain nombre de militants étaient mécontents de la conduite du parti par Paulo Gato. Ils lui reprochaient de faire du surplace et, sans doute aussi, de ne pas être assez rassembleur. Il faut dire également que Paulo Gato et moi avons deux personnalités différentes. Certains apprécient peut-être mon tempérament modéré. Cela dit, Paulo Gato est un ami. J’ai proposé qu’il devienne vice-président. Lui-même s’y est opposé, mais il restera à la direction du parti.
J.A.I. : N’est-ce pas embarrassant pour vous d’avoir été le candidat préféré du Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA, au pouvoir) et d’avoir reçu les félicitations du président Dos Santos ?
I.S. : Ce n’est pas moi qui étais le candidat préféré du MPLA. Quant aux félicitations, elles me paraissent normales dans le climat actuel de réconciliation. Nous sommes un parti d’opposition responsable, qui participera à la reconstruction du pays dans une compétition démocratique avec le MPLA.
J.A.I. : Quelles seront vos priorités ?
I.S. : D’abord, maintenir l’unité du parti jusqu’aux élections prévues fin 2004 ou début 2005. Ensuite, obtenir la garantie que ces élections seront démocratiques. Il faut refaire les listes électorales et former des « brigades électorales » dans toutes les provinces du pays.
J.A.I. : Serez-vous le candidat de l’Unita à l’élection présidentielle ?
I.S. : Je vais travailler pour cela. Je serai sans doute candidat à la candidature. Ensuite, c’est le parti qui décidera.
J.A.I. : Comment comptez-vous affronter la machine électorale du MPLA ?
I.S. : Le MPLA a beaucoup d’argent et d’expérience, c’est vrai. Nous ne sous-estimons pas la force de notre adversaire. Mais nous allons nous battre pour le changement, contre la fraude et la corruption. Et nous ferons une campagne nationale. Nous ne tomberons pas dans le piège d’une campagne ethnique chez les seuls Ovimbundus [groupe ethnique majoritaire dans le pays et implanté dans la région des Hauts-Plateaux et au Centre, NDLR]. Nous serons présents dans toutes les provinces du pays.
J.A.I. : Si vous êtes élu, poursuivrez-vous la politique de puissance du gouvernement actuel de l’Angola ?
I.S. : J’estime que la puissance d’un pays ne se mesure pas à sa capacité à faire la guerre. Les relations avec nos voisins ne doivent plus être fondées sur la force militaire. Par ailleurs, nous devons diversifier nos relations avec les pays du Nord. L’Angola ne doit pas mettre tous ses oeufs dans le panier américain.

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