Dix pays sanctionnés par Washington

Publié le 7 juillet 2003 Lecture : 3 minutes.

L’Afrique du Sud, le Bénin, la Centrafrique, le Lesotho, le Malawi, le Mali, la Namibie, le Niger, la Tanzanie et la Zambie devront désormais se passer de l’aide financière américaine destinée à l’équipement et à la formation de leurs troupes militaires, tout comme vingt-cinq autres pays dans le monde. Motif du courroux des États-Unis : au 1er juillet, date limité fixée par Washington, ces pays n’avaient pas signé l’accord prévoyant d’exempter de poursuites devant la Cour pénale internationale (CPI) les ressortissants américains présents sur leurs territoires respectifs.
Cette sanction des États-Unis, appliquée en vertu de leur loi d’août 2002 dite de protection des personnels militaires, n’est certes pas irréversible. Elle vise avant tout à accentuer la pression sur les non-signataires de l’accord. Mais elle peut paraître incompréhensible quand elle frappe, par exemple, la Centrafrique. Arrivé au pouvoir par un coup d’État en mars 2003, le général François Bozizé a hérité d’un pays en état de déliquescence et abandonné de tous, y compris par les États-Unis, qui y ont fermé leur ambassade. On peut se demander si Bozizé a eu le temps matériel de signer un accord international, ou simplement s’il a été suffisamment informé sur la « demande » américaine. Pour le Mali, cette mesure marque la fin de « l’appui à la démocratie » que le Pentagone avait initié au lendemain de la chute de Moussa Traoré, en mars 1991. Les militaires américains ont ainsi soutenu la construction d’hôpitaux (à Tombouctou, Kidal, Sévaré…) ou formé, entre autres, huit cents soldats maliens, en 1998, dans le cadre de l’Initiative de réaction aux crises africaines (Acri).
Pour ne pas subir les foudres d’une administration Bush très déterminée – officiellement pour éviter que l’antiaméricanisme grandissant dans le monde pousse à utiliser la CPI contre les intérêts des États-Unis -, un certain nombre de pays ont préféré signer. La Guinée, tributaire de la formation et de l’équipement fournis par l’armée américaine pour sécuriser ses frontières avec le Liberia et la Sierra Leone, a lancé dès août 2002 la procédure de ratification de l’accord. De même, l’Égypte, la Mauritanie, la Tunisie et le Togo se sont empressés d’apposer leur paraphe quelques jours avant la deadline du 1er juillet. Tout comme le Botswana, dont l’adhésion a été rendue publique le 2 juillet par le département d’État américain. Gaborone a longtemps tergiversé avant de rentrer dans le rang in extremis, le 30 juin. La capitale venait d’être choisie comme l’une des étapes de la tournée africaine de George W. Bush, prévue du 8 au 12 juillet.
Le flou règne un peu plus sur le cas de certains pays du continent. L’Algérie et le Maroc, par exemple, ne figurent ni sur la liste des quelque cinquante signataires ni sur celle des pays sanctionnés. Ce qui laisse penser, au vu de l’excellence de leurs rapports avec Washington, qu’ils font partie des sept pays ayant demandé au département d’État américain de garder le secret sur leur approbation, tension actuelle dans le monde arabe oblige…
Maniant le bâton et la carotte, l’administration Bush a tenu à féliciter dix autres pays africains, dont le Sénégal. Le ralliement de Dakar n’est pas sans symbole. D’abord parce que c’est la première capitale au monde à avoir ratifié le traité de Rome du 17 juillet 1998 portant création de la CPI. Ensuite, parce que les organisations non gouvernementales et les militants africains les plus visibles au sein de la Coalition pour la CPI sont sénégalais. Comble de l’ironie, alors que le gouvernement sénégalais transmettait son accord à Washington, il rédigeait dans le même temps un projet de loi destiné à harmoniser la législation du pays avec le traité de Rome.

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