Pas de bouée pour Abidjan

Le pays souffre de la suspension de l’aide financière française.

Publié le 7 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

L’ancien ministre du Budget de François Mitterrand se spécialise désormais dans l’aide française à l’Afrique. Auteur d’un rapport complet sur la question(*), le sénateur socialiste Michel Charasse récidive à l’occasion d’une mission de contrôle budgétaire qu’il a effectuée, du 10 au 23 février, dans quatre pays : Côte d’Ivoire, Sénégal, Mali et Mauritanie. Dans son compte rendu, examiné lors d’une séance de la commission des Finances du Sénat, le 26 mai, il s’étend beaucoup sur la situation en Côte d’Ivoire, qui, avec 432,8 millions d’euros versés en 2002 (soit 15 % de son aide bilatérale), est le premier bénéficiaire du soutien français.
Depuis 1993 et l’adoption de la « doctrine d’Abidjan », la France subordonne son aide financière à la conclusion d’accords avec le FMI par les pays bénéficiaires. Selon M. Charasse, c’est en vertu de cette doctrine que la grande majorité des engagements de l’Agence française de développement (AFD) en direction de la Côte d’Ivoire a été gelée. Première victime de ces suspensions : les nécessaires travaux de modernisation du réseau d’adduction d’eau d’Abidjan, « dont la situation sanitaire devient très préoccupante », alors que « près du tiers de la population n’a pas accès à l’eau potable ». Michel Charasse a insisté sur le fait que « la reprise des relations de l’État ivoirien avec les institutions financières internationales était largement conditionnée par l’établissement d’une réelle transparence sur les importants flux financiers. Ceux-ci, environ 210 milliards de F CFA, selon les conclusions d’un audit réalisé à la demande des bailleurs internationaux, sont le produit des prélèvements sur la filière stratégique du café et du cacao, et dont l’utilisation demeurait inexpliquée ».
Le sénateur du Puy-de-Dôme (Auvergne) a également fait part de sa vive inquiétude quant aux perspectives d’application des accords de Linas-Marcoussis et de désarmement effectif des soldats de la zone Nord. Il a salué « l’efficacité et le rôle déterminant des troupes françaises de l’opération Licorne ». S’agissant du sort des expatriés, il a indiqué que « la quasi-totalité des ressortissants français était à présent à Abidjan, mais que tous n’entretenaient pas nécessairement de mauvaises relations avec le pouvoir en place ». Si « les moyens de pression d’ordre économique dont dispose la France demeurent limités », la présence de l’armée française permet, quant à elle, « d’assurer un minimum d’ordre et de service publics ».

* Rapport spécial sur l’aide au développement, Sénat, Commission des finances, 100 pages, 1,30 euro. Rapport n° 87, 2001-2002.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires