Pascale Marthine Tayou en ses terres

Pour la première fois depuis 1994, cet artiste camerounais de renommée internationale présente son travail dans son pays natal.

Publié le 7 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

« Crazy Nomad », « Taudisme », « La Veille neuve », « Le Gâteau de chaussettes », « Qui perd gagne »… Décidément, les expositions de Pascale Marthine Tayou ont des noms étranges. Étranges comme ces univers qu’il crée à partir d’objets usagés, brisés, qu’il rassemble ou éparpille à sa guise, offrant à ces sous-produits de la société une seconde chance dans la vie.
Cet assemblage donne naissance à toutes sortes d’installations/expositions qui sont autant de labyrinthes dans lesquels nous entraîne cet artiste camerounais qui parcourt la planète depuis plus de dix ans. Pour lui, d’ailleurs, « l’art n’a de frontière que dans les cerveaux incultes », expliquait-il à Jeune Afrique/l’intelligent en juin 2002 (voir le n° 2160), alors que son « Qui perd gagne » avait les honneurs du palais de Tokyo, à Paris. Tout comme ses autres installations ont eu les honneurs du palais des Beaux-Arts de Bruxelles, du Segaya Art Museum de Tokyo, du Lombard Freid Fine Arts de New York, de la villa Médicis de Rome, de la Biennale de Lyon en France, de celle de Taipei à Taiwan, ou de celle de São Paulo au Brésil…, ainsi que d’un nombre incalculable de galeries à travers le monde.
C’est dire si Maryline Douala Bell et Didier Schaub, ces actifs militants de la cause artistique en milieu urbain, sont fiers d’accueillir à la galerie Doual’Art, du 18 mai au 30 juin prochain, ce plasticien de renommée internationale dont aucune oeuvre, pourtant, n’a été présentée au Cameroun depuis qu’en avril 1994, à Yaoundé, le Centre culturel français lui organisait la première exposition de sa vie.
Le public local est donc invité à découvrir « Le Menu familial », un travail que Pascale Marthine Tayou avait déjà présenté à la Kunsthalle de Berne (Suisse), mais qui devrait trouver à Douala de nouvelles résonances. Car cette fois le parcours d’images, de photos et de vidéos qu’il met en place évoque les cérémonies et la vie quotidienne de son village d’origine. Un village où cet artiste qui sillonne le monde se rend régulièrement, non pour y cultiver un quelconque « africanisme roots », ce n’est pas son genre – « Je ne suis pas un artiste africain, mais un artiste tout court », explique-t-il souvent -, mais pour affirmer plus fortement encore sa foi multiculturelle. Le nomade, en somme, doit aussi faire escale chez lui. Une manière d’inviter les Camerounais, et au-delà tous les Africains, à embrasser le multiculturalisme.
Il reste à espérer que la petite graine de folie de Pascale Marthine Tayou trouve à Douala, vivier multiethnique par excellence, le terrain favorable à sa germination.

Galerie Doual’Art, Douala, jusqu’au 30 juin.

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