Ouaga prépare Ouaga
Les colloques, réunions internationales et autres brainstormings se retrouvent bien souvent sous le feu des critiques pour cause d’absence de réalisation concrète. Un reproche qu’on aurait pu être tenté d’adresser au colloque « Développement durable, leçons et perspectives » organisé par l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), à Ouagadougou, du 5 au 7 juin. D’autant que le concept de développement durable est on ne peut plus large, et accepte moult définitions. Celle de l’AUF correspond à celle énoncée lors du Sommet de la Terre, à Rio, en 1992, et confirmée à Johannesburg, lors du sommet Rio + 10, en 2002, à savoir un « développement répondant aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».
Certes toujours aussi vaste, cette définition offre tout de même quelques pistes de réflexion plus précises autour desquelles l’AUF a choisi d’organiser les débats : diversité linguistique et culturelle ; éducation, formation professionnelle et enseignement supérieur ; stratégies de développement durable ; technologies de l’information et de la communication et développement durable ; démocratie, État de droit et bonne gouvernance.
L’objectif premier de ce colloque était d’ailleurs parfaitement défini. Sur les 800 propositions de communications reçues, 150 avaient été retenues. De ces 150 communications portant sur les cinq axes sus-cités et exposées aux 300 participants, les équipes de l’AUF extrairont des propositions concrètes qui seront soumises aux chefs d’État en vue de la préparation du 10e Sommet de la Francophonie, qui se tiendra fin novembre à Ouagadougou. Malgré le scepticisme de certains, les actions des différentes agences de la Francophonie sont loin de se limiter à l’organisation de sessions de réflexion. Ainsi l’AUF finance-t-elle en partie le « Pôle d’excellence en biotechnologies du campus de Ouagadougou ». Au menu, des laboratoires où les doctorants s’attaquent à des problèmes trop souvent éludés, comme l’alimentation de la mère et de l’enfant, la conservation du sorgho ou encore l’hygiène. Autre domaine d’intervention de l’AUF, la formation professionnalisante, avec le financement de l’École inter-États d’ingénieurs de l’équipement rural de Ouaga, qui délivre des diplômes de technicien supérieur, d’ingénieur et de troisième cycle. Il est donc plutôt rassurant de constater que des personnalités compétentes seront à l’origine d’une plate-forme de propositions qui servira de base de travail aux chefs d’État. Lesquels pourront évidemment ne pas en tenir compte, car, comme le soulignait Michèle Gendreau-Massaloux, rectrice, l’AUF « est libre et ne se substitue pas à l’État ». Mais en tant qu’organisation internationale observatrice, la Francophonie aurait tout intérêt à utiliser son statut pour surprendre en apportant des idées ou des actions neuves. Comme lorsqu’une formation est offerte aux spécialistes défendant la cause des quatre pays cotonniers ayant porté plainte auprès de l’Organisation mondiale du commerce.
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