Opep : au service des Américains

Publié le 7 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

Les Arabes de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) se sont mobilisés dans la nouvelle guerre américaine contre la hausse des prix de l’or noir : à 42 dollars le 2 juin à New York, le baril a atteint un prix insoutenable pour les États-Unis, qui accaparent 25 % de la consommation mondiale…
Le 3 juin, lors d’une réunion extraordinaire à Beyrouth, au Liban, les ministres arabes du Pétrole, le Saoudien Ali el-Naïmi comme l’Algérien Chékib Khelil, ont plaidé pour une augmentation massive de la production du cartel : celle-ci a déjà atteint un record en mai-juin avec 27 millions de barils par jour (mb/j) – 3,5 millions de plus que le quota -, suffisamment pour satisfaire 35 % de la consommation de la planète, mais pas assez pour mettre fin à la boulimie de la Bourse de New York. Majoritaires, les Arabes ont imposé aisément leur volonté. Le quota de l’Opep augmentera à 25,5 mb/j le 1er juillet (+ 2 mb/j), puis à 26 mb/j le 1er août. Si le marché de New York l’exige, l’Opep se réunira à nouveau, le 26 juillet, à Vienne, en Autriche, pour relever davantage le plafond de production ou simplement le supprimer… Son objectif est de ramener le prix de référence américain à moins de 40 dollars courants (en dollars constants, c’est la moitié du prix payé au début de années 1980).
Cette décision de l’Opep a eu un effet immédiat : le baril est tombé à New York à 39 dollars, 3 dollars de moins que la veille. Mais cette réaction ne signifie pas que la bulle spéculative va se calmer : les Américains consommeront cet été plus de carburant que jamais, la plupart ayant choisi de passer leurs vacances dans le pays et donc d’utiliser leur grosses voitures. La conjonction vacances-terrorisme (driving season et fear factor) aggrave le risque de pénurie : que faire si demain le robinet saoudien se ferme pour cause d’attentats ou de chute de la monarchie proaméricaine ? Cette crainte est tellement réelle que le président Bush a ordonné de ne pas arrêter – même à 42 dollars – les achats quotidiens de l’État (120 000 barils) qui alimentent les stocks stratégiques (700 millions de barils, assez pour tenir deux ou trois mois). Assez pour faire la fortune des raffineurs américains dont les marges bénéficiaires ont doublé (passant de 7 à 15 dollars par baril) et qui devraient annoncer cette année des bénéfices records.
Il n’en demeure pas moins que l’on assiste au début du troisième choc pétrolier né, cette fois, de la guerre contre le terrorisme, après ceux de 1973-1974 (guerre israélo-arabe) et de 1979-1980 (révolution iranienne). Le boom de la Bourse new-yorkaise laissera des traces : le monde devra s’habituer à un baril supérieur à 30 dollars (oublié le baril à moins de 20 dollars des années 1993-1999). La demande viendra du continent asiatique qui s’industrialise et se modernise à grande vitesse.

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