Mon plan diabolique (pour passer des vacances tranquilles)

Publié le 8 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

Le week-end de la Pentecôte. Qu’est-ce qu’on fait ? demande Karim. On ne va quand même pas se morfondre chez soi, soupire Dominique. Pourquoi pas une petite virée du côté de Florence ? sussure Fadwa, ça fait longtemps que je n’ai pas vu le Ponte Vecchio. Aussitôt dit, aussitôt fait, une Golf d’avant-guerre nous emmène chez les Toscans, sous un soleil radieux. Malédiction ! On tombe en plein Oklahoma ! Des hordes d’Amerloques hantent les rues, débordent des piazzas, dégoulinent des crèmeries, il faut un périscope pour se repérer, une machette pour se frayer un chemin dans la masse rose des chairs surabondantes, il faut un porte-voix pour héler les loufiats. Ça hurle pire que Madonna, ça crie comme chez Jerry Springer, ça bafouille dans la langue de Bush, on ne s’entend plus pleurer. Quant à visiter les Offices, rêve toujours l’ami, il y a une queue d’ici à Seattle. Bref, nous allons nous réfugier à Castelfiorentino, un petit village tenu par l’héroïque Parti communiste italien, un havre de paix où les Américains ne sont pas les bienvenus.

Nous avons eu quand même le temps de demander à un Yankee à peu près civilisé pourquoi ses compatriotes avaient envahi le bel paese en si grand nombre. Il hausse les épaules.
– La France ne nous aime guère, l’Espagne regorge de bédouins d’el-Qaïda, et le département d’État nous interdit d’aller dans quarante-neuf autres pays.
Assis devant un jus de raisin à Castelfiorentino, j’échafaude un plan diabolique pour passer à l’avenir des vacances sereines loin des buveurs de Coke. Il suffit de faire parvenir au département d’État des rumeurs alarmantes sur tel ou tel pays quelques mois avant d’y aller soi-même faire villégiature. Washington interdira illico à ses citoyens de venir nous y pomper l’air. À nous la belle vie !
Attendez-vous donc aux événements suivants qui coïncideront étrangement avec mes plans de vacances : 2004, troubles dans les Andes ; 2005, rififi dans le Rif ; 2006, ça cogne en Catalogne ; 2007, émotion au Mali ; 2008, grabuge chez les Grecs ; 2009, le Brésil s’embrase ; 2010, ça casse à Caracas ; 2011, torgnoles chez les Espagnols ; 2012, explosion dans le Fouta-Djalon.
Inch’Allah, naturellement !

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires