Brazzaville : ECAir prend de l’altitude
Le deuxième module de l’aéroport de Maya-Maya à Brazzaville a été inauguré le mercredi 5 février 2013. La compagnie nationale ECAir en a profité pour annoncer le lancement de ses vols en direction de Dubaï au départ de la capitale congolaise.
Le mercredi 5 février est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire aérienne de la République du Congo et plus généralement dans celle de l’Afrique centrale. En plus de l’inauguration en grande pompe par le président de la République Denis Sassou N’Guesso du deuxième module de l’aéroport de Maya-Maya à Brazzaville, la compagnie nationale Equatorial Congo Airlines (ECAir) a annoncé le démarrage, un peu plus de deux ans après son lancement officiel en septembre 2011, de ses vols en direction de Dubaï au départ de la capitale congolaise.
Expansion
Dès mars prochain, date retenue pour la première liaison commerciale, le transporteur aérien proposera trois services hebdomadaires à destination des Émirats Arabes Unis, à bord de l’un des deux Boeing 757 dont elle est propriétaire. Les liaisons depuis Brazzaville auront lieu les lundis, mardis et samedis tandis que les vols retours se feront les mardis, vendredis et dimanches. C’est la deuxième grande destination internationale hors d’Afrique pour ECAir, qui dessert Paris trois fois par semaine depuis août 2012. Sur le continent, la compagnie assure le service sur Douala et Cotonou au départ de Pointe Noire et de Brazzaville à bord de deux Boeing 737-300.
Compagnie aérienne sous régionale
L’ouverture de lignes régulières sur Libreville est annoncée pour juin prochain. Courant 2014, la compagnie devrait également rallier Lomé, Malabo et Luanda au départ des deux aéroports internationaux congolais eux-mêmes interconnectés à raison de 4 vols quotidiens.
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Embouteillages des compagnies à l’horizon
« Nous avons vocation à devenir la compagnie aérienne sous-régionale », insiste Fatima Beyina-Moussa, directrice-générale d’ECAir, qui rêve de lancer également une passerelle avec l’Afrique de l’Ouest, prévoyant notamment à plus long terme de desservir Bamako et Dakar « avant la fin de cette année ».
Le transporteur compte pour cela renforcer sa flotte en faisant l’acquisition en mai prochain de deux Boeing 737-700 nouvelle génération, ainsi que d’un Boeing 767, « en leasing, avec option d’achat », précise la directrice générale, pour épauler ses Boeing 757 sur Paris et Dubaï.
Record
L’opérateur aérien, qui a transporté 200 000 personnes en 2013 et espère atteindre son seuil de rentabilité « d’ici à trois ans », selon Fatima Beyina-Moussa, pourra dorénavant s’appuyer sur l’aéroport flambant neuf de Maya-Maya, destiné à jouer le rôle de hub aéroportuaire dans la sous-région CEMAC.
Le gouvernement congolais a investi 31 milliards de F CFA (47 millions d’euros) pour doubler les capacités du principal aéroport du pays qui a battu son record de fréquentation en 2013 en accueillant 1,126 million de passagers. Le chantier avait été confié à la société chinoise Weihai International Economic & Technical Cooperative (WIETC), alors que l’aéroport est depuis 2011 entre les mains de l’opérateur Aerco, filiale locale du français Egis, pour une concession de vingt ans.
Trois questions à Fatima Beyina-Moussa, directeur-général d’ECAir.
La compagnie Equatorial Congo Airlines inaugure son tout nouveau vol sur Dubaï. Quelles sont les particularités de cette liaison ?
Tout d’abord c’est la première fois dans l’histoire aérienne du pays que nous proposons un service vers un autre continent que l’Europe. Ensuite, nous offrons à notre clientèle une liaison directe unique entre l’Afrique centrale et le Moyen-Orient, avec un temps de vol réduit de quatre heures par rapport à aujourd’hui puisque nous évitons l’escale sur Addis-Abeba proposée par Ethiopian Airlines. C’est un vrai confort pour nos passagers.
Quelles clientèles visez-vous ?
Le potentiel avec le Moyen-Orient est énorme. En plus des Congolais eux-mêmes, nous espérons attirer une clientèle sous-régionale. C’est la vocation d’ECAir. Nous avons déjà tissé un partenariat avec la Camair-Co pour recevoir un certain nombre de passagers camerounais. Nous allons également lancer dès mars prochain une navette fluviale quotidienne entre Brazzaville et Kinshasa pour capter une partie du marché de la RD Congo.
Enfin, n’oubliez pas que le Congo compte aujourd’hui une importante communauté chinoise et que Dubaï fait figure de hub entre l’Afrique et l’Asie. Nous avons démarré des discussions avec plusieurs compagnies aériennes chinoises qui vont sur Dubaï, pour voir comment nous pourrions travailler ensemble à l’avenir.
Le Congo est encore inscrit sur la liste noire de l’Union Européenne. Aussi, les compagnies aériennes congolaises ne peuvent opérer dans l’Union. Quelles sont les conséquences pour votre compagnie ?
Nous sommes propriétaires de nos appareils, mais pour pouvoir travailler sur l’Europe nous avons signé un accord de partenariat ACMI (Aircraft, Crew, Maintenance & Insurance) avec la compagnie suisse PrivatAir qui opère nos avions, s’occupe des assurances, de la maintenance et fournit également une partie du personnel à bord. Ils s’occupent également de la formation afin de mieux professionnaliser nos équipages.
Les experts de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) étaient à Brazzaville la semaine dernière et je pense pouvoir dire que nous sommes dans la dernière ligne droite pour obtenir leur agrément, peut-être avant la fin de cette année. À nous de leur montrer que nous travaillons dans le respect des normes internationales et l’arrivée du deuxième module de l’aéroport de Maya-Maya va nous y aider.
Propos recueillis par Olivier Caslin.
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