Hauwa Ibrahim

Cette avocate nigériane de 36 ans s’est illustrée en plaidant pour des femmes appelées àcomparaître devant les tribunaux de la charia.

Publié le 8 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

Me Hauwa Ibrahim n’a pas choisi la voie facile. À 36 ans, cette avocate d’affaires a décidé de défendre bénévolement, en marge de ses activités ordinaires, la cause de ses compatriotes les plus défavorisés : les paysans du nord du Nigeria, souvent des femmes, qui comparaissent devant les tribunaux de la charia. Le premier cas dont elle s’est occupée, en 2000, à la demande de l’association de défense des droits des femmes Baobab, a été celui de Bariya Ibrahim, une adolescente condamnée à 180 coups de fouet pour avoir eu des relations sexuelles avant son mariage. L’avocate n’est parvenue qu’à réduire la peine à 100 coups de fouet, mais cette affaire a fait entrer l’élégante juriste dans le monde des pauvres et des sans-voix, muettes victimes d’une justice impitoyable et démesurée. Ont suivi les affaires de Safiya Husseini, une habitante de l’État de Zamfara, condamnée en 2001 à la lapidation pour adultère, puis l’année suivante celle, identique, d’Amina Lawal. Depuis ces deux procès fortement médiatisés, Hauwa reçoit des lettres d’insultes et des coups de fil de menaces. Au point qu’elle s’en est ouverte à l’association Les Pénélopes, qui a fait signer une pétition internationale en sa faveur. L’avocate n’a pourtant rien d’une provocatrice. Musulmane, elle porte le voile conformément aux canons de sa religion. Elle n’est pas opposée à la charia ; bien au contraire, elle estime que c’est une garantie pour la moralité de la société. Elle s’élève seulement contre les abus. Qu’une femme soit condamnée si elle a fauté, c’est juste. Qu’elle le soit parce qu’elle ignore comment se défendre lui semble intolérable.
Elle rêvait d’avoir autant d’assurance que ces femmes diplômées dont elle voyait l’image dans les journaux de son adolescence : elle a réussi à les égaler, voire à les dépasser. Il ne faut pas manquer de cran pour plaider devant une cour qui non seulement ne vous reconnaît pas le droit d’exercer votre profession, mais vous oblige à avoir un confrère pour prononcer les paroles à votre place. Hauwa doit cette détermination à son enfance, quand elle a dû résister à ses parents qui voulaient la retirer de l’école. Grâce à ses excellents résultats, elle a obtenu de finir sa scolarité secondaire puis d’aller à l’université où elle a achevé brillamment ses études de droit. Après un mariage malheureux avec un camarade de faculté, elle a épousé un entrepreneur en bâtiment qui l’a aidée à monter son propre cabinet, Ariès, en 1996. Ses clients étaient tous des entreprises jusqu’au jour de 2000 où elle a reçu un appel téléphonique de Baobab.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires