Afrique du Sud : « La Banque centrale est entre le marteau et l’enclume »
La Banque centrale sud-africaine est entre deux eaux face au virement de la politique monétaire de Fed : laisser filer l’inflation ou relever son taux directeur… Warrick Butler, directeur du trading du rand chez Standard Bank, décortique ce dilemme pour « Jeune Afrique ».
Le rand n’échappe pas à la tourmente qui frappe les monnaies des pays émergents, après la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed) de revenir à une politique économique plus orthodoxe en réduisant son programme de rachat d’obligations (de 85 milliards de dollars par mois fin décembre 2013 à 65 milliards de dollars actuellement). Le 29 janvier, la monnaie sud-africaine a ainsi connu une dépréciation de 3 %, atteignant son niveau le plus bas depuis octobre 2008.
Politique monétaire
Pour contrer la baisse, la Banque centrale d’Afrique du Sud a surpris les observateurs en décidant d’augmenter son taux directeur de 50 points de base – la première hausse depuis six ans. Mais l’opération n’a pas eu l’effet escompté. La première puissance économique du continent fait en effet partie des « Fragile Five » – des États qui recourent à l’emprunt pour financer leur déficit commercial.
Traditionnellement, le pays avait pourtant une économie fortement exportatrice, notamment de produits miniers et manufacturés. Mais les grèves à répétition dans ces deux secteurs et, surtout, le ralentissement de la croissance économique de la Chine, dont dépend l’Afrique pour ses exportations, ont affaibli cette position.
Pression des marchés
Gill Marcus, le gouverneur de la Banque centrale, est entre le marteau et l’enclume. D’un côté, les marchés exercent une pression pour que l’institution augmente les taux ; de l’autre, la faiblesse de la croissance plaide pour une relaxation monétaire. Toutes choses égales par ailleurs, l’Afrique du Sud pourrait profiter d’une monnaie plus faible pour doper ses exportations, mais dans le climat social actuel, cela est difficile.
De l’autre côté, un rand trop faible renchérit les importations. La situation des marchés émergents et de l’Afrique du Sud va probablement empirer avant de commencer à s’améliorer. Le mieux ne viendra que lorsque la croissance mondiale aura repris et que les marchés émergents exportateurs pourront en profiter.
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