Des immigrées et des bébés

La fécondité des femmes étrangères en France revue à la baisse.

Publié le 7 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

Les immigrés ? Des gens qui font des enfants sans compter à la seule fin de toucher des allocations familiales ! On reconnaît là un des postulats de l’extrême droite française. Il se trouve qu’il ne correspond guère à la réalité.
L’indice de fécondité des étrangères, pensait-on jusqu’ici, est sensiblement plus élevé (2,5 enfants par femme pour la période 1991-1998, contre 1,65 pour les Françaises). Mais ce surcroît ne pèse guère dans la moyenne, ne la faisant monter qu’à 1,74. Simplement parce que les immigrées ne représentent que 8,5 % des femmes en âge de procréer.
Or voilà qu’une enquête de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et de l’Institut national d’études démographiques (Ined), tenant compte des trajectoires de migration, révèle que ce surcroît lui-même est largement surestimé.
Les immigrées entrées en France avant l’âge de 13 ans ont à peine plus d’enfants que les femmes nées en métropole. Celles qui sont entrées vers 25 ou 30 ans, en revanche, ont une fécondité très supérieure alors même qu’elles avaient moins d’enfants que les « natives » à leur arrivée dans l’Hexagone. Soit ces femmes attendent d’être installées dans le pays d’accueil pour avoir des enfants. Soit, plus vraisemblablement, les exigences de la migration « sélectionnent » celles qui n’ont pas de charge de famille.
Pour Laurent Toulemon, chercheur à l’Ined, qui présente ces données dans le numéro d’avril de Population et Sociétés, cette particularité est mal prise en compte par le mode de calcul classique. Celui-ci attribue à ces femmes « tout au long de leur vie un profil de fécondité qui reste marqué par le rattrapage des naissances faisant suite à l’immigration ». En somme, on fait comme si ces femmes n’en finissaient pas de s’installer en France et de rattraper la sous-fécondité ayant précédé leur migration.
Laurent Toulemon a donc pondéré le taux de fécondité en conséquence. Son nouvel indice classe les femmes non plus selon leur âge, mais selon leur âge d’arrivée en France et la durée du séjour. Résultat, le taux de fécondité tombe à 2,16 enfants par femme.
Ces données démographiques confirment ce que de nombreuses études ont déjà montré : en France, les populations d’origine étrangère ont tendance à aligner rapidement leur mode de vie sur celui des autochtones.

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