Chine : réforme progressive

Publié le 7 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

La Chine est aujourd’hui le plus grand laboratoire de changement économique, social et politique de l’Histoire. Un nouveau consensus semble se dégager parmi ses dirigeants, sous la conduite du président Hu Jintao et du Premier ministre Wen Jiabao, sur le fait qu’il devrait y avoir une réforme politique plus importante pour réduire le pouvoir de la bureaucratie, promouvoir le règne du droit et rendre l’État plus transparent et plus ouvert à la population, avec au bout du compte davantage de démocratie à l’intérieur du Parti et une meilleure protection juridique des droits de l’individu face à l’État. Il est probable, cependant, qu’un État fort sera maintenu pour assurer une stabilité politique et macroéconomique globale.
Le large succès des réformes économiques a vraisemblablement défini le cadre du changement politique : un processus progressif, expérimental et cumulatif, où l’on passerait des réformes douces à des réformes dures, en assimilant tout ce qu’il y a de bon dans les idées et les expériences chinoises et étrangères. Après plus d’un siècle de guerres dévastatrices et de révolutions chaotiques, et après deux décennies de réformes modérées et couronnées de succès, les Chinois semblent plus disposés à procéder à des réformes politiques progressives et même partielles qu’à faire la révolution.
Les facteurs qui jouent en faveur d’une démocratisation de la Chine sont une très nette amélioration du niveau de vie ; l’émergence d’une société civile ; la révolution de l’information et de la communication ; les progrès de l’éducation ; le développement d’une classe moyenne et d’un secteur non étatique ; les liens étroits qui se sont noués avec le monde extérieur et la prise de conscience par le Parti qu’il ne doit pas et ne peut pas gérer la vie quotidienne de la société chinoise.
Mais la démocratisation à part entière n’est peut-être encore qu’un horizon lointain pour un certain nombre de raisons : le sentiment général que la réforme progressive de Den Xiaoping a été un succès et le changement brutal de Mikhaïl Gorbatchev un échec ; l’incapacité où sont les groupes d’opposants de s’organiser en contre-pouvoir crédible ; la crainte de la population que les affrontements politiques ne provoquent un ralentissement économique et un chaos politique ; et l’absence de modèles crédibles montrant comment un grand pays comme la Chine pourrait sortir de l’autoritarisme. De fait, les expériences russe et indonésienne sont décourageantes, et le modèle indien, si efficace qu’il soit en Inde, n’inspire personne en Chine.
On peut s’attendre que la Chine – pays immense qui n’a guère de tradition démocratique et dont la population est plus nombreuse que celle des États-Unis, de l’Europe, de la Russie et du Japon réunis – se montre à la fois déterminée et prudente. La transformation de l’État chinois est inévitable, mais il est probable qu’elle sera progressive, pragmatique et cumulative, de la même manière que se sont mises en place les réformes économiques.

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