Cameroun : qui est Joseph Beti Assomo, l’homme auquel Paul Biya a confié la Défense ?

Ministre chargé de la Défense, Joseph Beti Assomo est aussi discret qu’influent. Un animal à sang-froid, un brin rigide, qui a le mérite – essentiel aux yeux du chef de l’État – de ne pas compter parmi les intrigants et qui, depuis des années, évolue dans l’ombre. 

Le Camerounais Joseph Beti Assomo, ministre chargé de la Défense. © Fernand Kuissu

Le Camerounais Joseph Beti Assomo, ministre chargé de la Défense. © Fernand Kuissu

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 24 novembre 2021 Lecture : 9 minutes.

Sa veste claire, boutonnée jusqu’au col, est légèrement fripée par le voyage. Lunettes noires sur le nez, Joseph Beti Assomo se tient droit, les pieds bien à l’intérieur du cercle blanc tracé sur le sol terreux pour lui indiquer sa place. Devant lui, des gradés aux bérets rouges, verts et bleus, des porte-étendards et des joueurs de cuivres. Ce 22 septembre à Bamenda, devant les locaux de la cinquième région interarmées, le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense effectue une revue de troupes. Les hommes de sa sécurité rapprochée gardent le doigt près de la gâchette de leur fusil automatique. Bamenda, cible régulière des attaques des séparatistes ambazoniens, est une zone de combat.

Dans la capitale du Nord-Ouest, Joseph Beti Assomo est venu remonter le moral des soldats, leur montrer que la lointaine Yaoundé, dont le président Paul Biya est si souvent absent, ne les oublie pas. Le ministre est accompagné par le gouverneur de la région, Joseph Lele Lafrique, un vieux camarade de promotion connu à l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam). Il a prévu de s’entretenir avec les principaux commandants militaires du secteur, d’écouter leurs rapports faisant état de la sophistication de l’armement de l’ennemi ambazonien, de se montrer attentifs aux doléances de ces hommes dont une quinzaine de compagnons ont récemment perdu la vie.

Dans son cercle blanc, sous le tintamarre des trompettes militaires, Joseph Beti Assomo sait que des mois cruciaux se dressent devant lui. Le 9 janvier, la Coupe d’Afrique des nations (CAN), prévue en 2021 mais reportée à 2022 en raison de la pandémie de Covid-19, débutera à Yaoundé. Aucun match ne sera joué à Bamenda, mais des rencontres se dérouleront dans la région voisine du Sud-Ouest, également meurtrie par des attaques des séparatistes ces derniers mois. Les rencontres du groupe C (Comores, Gabon, Ghana, Maroc) sont programmées à Limbé, à une dizaine de kilomètres de Buea, la capitale régionale. Pour les autorités camerounaises, il est impensable que l’ennemi profite de la CAN pour se rappeler au bon souvenir du monde entier.

De retour deux mois plus tard dans son quartier général de la capitale, ce 22 novembre, Joseph Beti Assomo fait part de son inquiétude. « Le nombre d’explosions ces dernières semaines dans les villes de Buea et de Bamenda et les pertes de vies humaines lors de certains attentats terroristes soulignent la nécessité d’une vigilance extrême dans la couverture sécurisée de l’événement », déclare-t-il lors d’une réunion d’évaluation de la sécurité nationale. « Il ne faut pas être alarmiste, mais il ne faut pas non plus se voiler la face, résume un proche du ministre. C’est son style : faire le boulot sans faire de vagues. »

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