Éthiopie : les rebelles se rapprochent d’Addis-Abeba, la France et l’ONU en alerte
Paris a appelé ses ressortissants à quitter « sans délai » l’Éthiopie, tandis que l’ONU va évacuer d’ici jeudi les familles de ses employés internationaux présents dans le pays. Sur le terrain, les rebelles du TPLF avancent vers la capitale.
Après plus d’une année de guerre entre forces gouvernementales et rebelles dans le nord du pays, les combats se rapprochent de la capitale, provoquant les plus vives craintes au sein de la communauté internationale.
Un document interne des services de sécurité de l’ONU, daté de lundi, demande à l’organisation de « coordonner l’évacuation et d’assurer que tous les membres éligibles des familles du personnel recruté à l’étranger quittent l’Éthiopie au plus tard le 25 novembre 2021. »
Parallèlement, « tous les ressortissants français sont formellement appelés à quitter le pays sans délai », a enjoint l’ambassade de France à Addis-Abeba dans un courriel envoyé aux membres de la communauté française. Selon l’ambassade, plus de 1 000 Français vivent en Éthiopie.
L’ambassade française, qui dit prendre cette décision au vu de « l’évolution de la situation militaire », ajoute prévoir de faciliter le départ des ressortissants sur des vols commerciaux en réservant des sièges et « si nécessaire » d’affréter un vol charter. Un responsable de l’ambassade a déclaré que des départs « volontaires » du personnel pourraient avoir lieu, notamment parmi les familles.
Avant la France, plusieurs pays dont le Royaume-Uni et les États-Unis, ont exhorté leurs citoyens à quitter l’Éthiopie, où la communauté internationale ne parvient pas à obtenir un cessez-le-feu.
Le TPLF à 200 km de la capitale
Le Front de libération du Tigré (TPLF), qui s’est allié avec un groupe rebelle oromo actif dans la région qui entoure la capitale, a affirmé cette semaine se trouver à Shewa Robit, à 220 km au nord-est d’Addis-Abeba.
Le gouvernement n’a pas commenté cette information, mais, selon des diplomates au fait de la situation sécuritaire, certains combattants rebelles auraient atteint la localité de Debre Sina, plus proche d’environ 30 km de la capitale.
Fin octobre, le TPLF avait déjà revendiqué la prise de deux villes-clés en Amhara, se rapprochant ainsi de la capitale – ce qu’avait alors démenti le gouvernement éthiopien.
Lundi, le Premier ministre Abiy Ahmed – qui a envoyé début novembre 2020 l’armée fédérale au Tigré afin de destituer les autorités de cette région, issues du TPLF – a dit vouloir aller sur le front pour diriger les soldats affrontant les rebelles.
« À partir de demain, je serai mobilisé sur le front pour mener les forces armées », a-t-il déclaré dans un communiqué posté sur Twitter. « Ceux qui veulent être parmi les enfants éthiopiens qui seront salués par l’histoire, levez-vous pour le pays aujourd’hui. Retrouvons-nous au front ».
Efforts diplomatiques
Une déclaration qui est loin de rassurer la communauté internationale, qui a ces dernières semaines intensifié ses efforts diplomatiques pour tenter d’obtenir un accord de cessez-le-feu. En vain pour le moment.
Mardi, les chefs d’État sud-africain et kényan, Cyril Ramaphosa et Uhuru Kenyatta, ont réitéré l’appel à un cessez-le-feu lors d’une rencontre à Pretoria. « Les parties au conflit doivent d’urgence s’engager à respecter un cessez-le-feu immédiat, illimité et négocié », a notamment déclaré Cyril Ramaphosa.
De leur côté, l’émissaire de l’Union africaine pour la Corne de l’Afrique, l’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, et son homologue américain Jeffrey Feltman se sont rendus une nouvelle fois en Éthiopie jeudi dernier.
Au retour d’une nouvelle mission sur place, ce dernier a fait état mardi à des journalistes de « progrès naissants » en vue d’une résolution diplomatique du conflit, mais a prévenu que « l’escalade » militaire risquait de les rendre vains. « Ce qui nous inquiète, c’est que les développements alarmants sur le terrain avancent plus vite que ces progrès fragiles », a notamment mis en garde Jeffrey Feltman.
Avec AFP
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