Blackwill, l’homme de l’ombre

Publié le 7 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

A Bagdad, on les appelle les trois « B ». Lakhdar Brahimi, Paul Bremer et Robert Blackwill ont présidé aux destinées du gouvernement irakien de transition. Si les deux premiers sont bien connus du grand public, « Bob » Blackwill, 64 ans, deputy assistant de George W. Bush et coordinateur pour la planification stratégique auprès de la patronne du Conseil national de sécurité, Condoleezza Rice, l’est beaucoup moins. Il a pourtant influé sur les nominations de Ghazi al-Yaouar et Iyad Allaoui aux postes respectifs de président et de Premier ministre. Dans l’ombre. Comme toujours.
Depuis le début des années 1980, ce vétéran de la diplomatie américaine, proche du clan Bush, a toujours su être là où l’Histoire se faisait. Sa carrière commence dans les années 1960, lorsque, jeune diplômé originaire du Kansas, il se retrouve au Malawi dans le Peace Corps. En 1967, il fait son entrée au département d’État et sert sous Henry Kissinger, Alexander Haig et George Schultz. Conseiller politique à Nairobi puis à Tel-Aviv, numéro deux de l’ambassade de Londres, il revient à Washington en 1979 en tant que directeur des affaires ouest-européennes du Conseil national de sécurité, puis secrétaire d’État adjoint aux affaires militaires et européennes. En 1985, il dirige la délégation américaine à l’Otan et conduit les négociations sur le désarmement avec les pays du Pacte de Varsovie. L’URSS étant devenue son terrain d’action favori, George Bush le nomme assistant spécial pour les affaires soviétiques et européennes en 1989-1990.
Peu avant l’arrivée au pouvoir des démocrates, Blackwill prend sa retraite et entame une carrière académique à la John Kennedy School of Government de Harvard, où il dirige les départements d’études militaires, asiatiques et moyen-orientales. En 2000, au sein du groupe de conseillers en diplomatie surnommé les « Vulcans », il conseille le jeune George W. Bush pour sa campagne électorale. Et fait son retour en diplomatie, à New Delhi, dont Bush lui confie l’ambassade en mars 2001. Deux ans plus tard, en juillet 2003, le président nomme le discret Blackwill auprès de Condoleezza Rice, dont il était le supérieur sous Bush père. Le groupe de stabilisation de l’Irak (ISG) qu’il met en place prend petit à petit le dessus sur le Pentagone.
Blackwill, qui connaît par coeur les rouages de l’administration américaine et qu’on dit proche de la CIA, devient, dans l’ombre de Bremer, le lien « informel » avec Brahimi. Loin des faucons et du Pentagone, Blackwill est un pragmatique. On le dit brillant et énergique. On critique son caractère autoritaire, renforcé par une carrure imposante. Après le 30 juin, il se consacrera probablement à la campagne de Bush et pourrait récupérer en 2005, dans le cas d’une victoire républicaine à la présidentielle, un poste au sein de la nouvelle administration. À condition d’accepter, pour la première fois, d’être sous les feux de la rampe.

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