Vos lettres ou courriels sélectionnés

Publié le 9 mai 2007 Lecture : 6 minutes.

Sarko et les mouches de Plantu
– Les protestations de Nicolas Sarkozy contre les mouches dont Plantu agrémente ses caricatures dans Le Monde ont mis au grand jour ses contradictions. Lors de son meeting de Bercy, il a stigmatisé ceux parmi les Français qui réagissaient mal aux critiques et aux caricatures, en rappelant qu’elles font partie des fondements essentiels des valeurs françaises et que ceux qui ne partagent pas ces valeurs ne doivent pas se sentir obligés de vivre sur le sol français. Sarko s’accorde le droit de protester contre les mouches de Plantu, mais ne comprend pas que les musulmans se mettent en colère quand on dessine leur Prophète la tête couronnée d’une bombe. Que Sarko se contredise, cela ne me gêne guère. Après tout, ne s’agit-il pas de l’un des aspects de la nature humaine ? Mais qu’il arrête de marteler qu’il est l’homme de la vérité, de la sincérité et de la droiture puisqu’il dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit.
Mohamed Ali Mankai, Tunisie

Français de souche ?
– Coumba Diop est souvent éclairée dans ses « Post-scriptum », mais j’ai été très surpris de la voir écrire « un Français de souche » (J.A. n° 2415). Quels dons peut-elle avoir pour deviner au faciès qu’un individu est un « Français de souche » ? C’est vrai que dans la vie il y a des surdoués mais même L’exemple même de certains candidats à la présidentielle française est là pour montrer que cette notion de « Français de souche » a de bonnes chances d’être galvaudée comme la notion de « race » (utilisée dans le même numéro par une lectrice de Choisy-le-Roi). Schivardi a une ascendance italienne ; Sarkozy a des origines hongroises par son père et grecque par son grand-père maternel ; Bové est né d’un père luxembourgeois de naissance, etc. Alors, « Français de souche » ? L’Antillais qui est Français depuis plus de quatre siècles, soit bien avant le Savoyard et peut-être l’Alsacien, est-il « de souche » ou pas ? Avec ce genre de formulation, ne fait-on pas justement le jeu des extrémistes de droite avec leur slogan puéril, futile, obsolète « la France aux Français » ?
Obambé Gakosso, Gisors, France

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Symphonie nouvelle en Mauritanie
– En tant que citoyen mauritanien, je ne peux qu’être fier de ce qui a été entrepris dans mon pays depuis la « révolution des illets » du 3 août 2005. Ce changement constitue une lueur d’espoir pour l’écrasante majorité du peuple. Ainsi a-t-on eu le sentiment, pendant dix-neuf mois, de suivre une sonate exécutée en harmonie par les membres du CMJD et du gouvernement sous la direction de leur « maestro » tout en étouffant les voix cacophoniques des faux courtisans du régime déchu. Pour cela, je tiens à rendre hommage à celui qui a incarné cet ambitieux projet national. Tout en espérant la continuité de cette symphonie par le nouveau président. Sans oublier qu’il a pour devoir de tirer les leçons du passé, réconcilier les fils de la Mauritanie sous la tente de l’unité nationale et surtout éviter les fausses notes.
Zein El-Abidine Ould Mohamed Vall, Nouakchott, Mauritanie

Bush a perdu la guerre en Irak
– Cela fait plusieurs fois que je vois écrit dans J.A. que les Américains ont « perdu la guerre en Irak ». Les Américains ont très bien atteint leur but, qui était de détruire un pays et son armée. Pays considéré par Israël comme l’un de ses ennemis irréductibles.
Les États-Unis n’avaient rien à gagner à détruire l’Irak, mais ils sont intervenus pour le compte d’Israël comme un vulgaire tueur à gages Le président des États-Unis est vraiment sous la coupe du lobby juif et ne peut se comporter autrement.
Si les États-Unis restent encore en Irak, ça n’est pas pour consolider la démocratie, comme ils disent, mais c’est pour être sûr d’y laisser un gouvernement non hostile à Israël, et un pays le plus détruit et arriéré possible pour garantir la paix à Israël pendant plusieurs décennies.
Ils savent qu’un pays non démocratique se développe plus lentement, que la défense de ce pays sera mal assurée, car les gens ne voudront pas mourir pour un dictateur. Des « tyrans » comme Saddam, il y en a plein dans les autres pays arabes, mais du moment que ceux-ci n’inquiètent pas Israël, on ne pense pas à leur apporter la « démocratie ».
Mohamed Sedjai, Clichy, France

Réponse
Je pense que vous n’avez pas tort, M. Sedjai, ni tout à fait raison :
1. Les États-Unis ne sont pas et ne peuvent pas être réduits au rôle de « vulgaire tueur à gages pour le compte d’Israël ».
Certes, parmi leurs objectifs de guerre – et qui a été atteint – il y avait celui que vous indiquez : détruire une force, l’armée irakienne, danger pour Israël et un régime hostile à Israël et aux États-Unis.
Pour les remplacer par des « gouvernants » amis des États-Unis et d’Israël : ce deuxième objectif est atteint lui aussi. Mais, momentanément seulement, parce qu’il n’est pas sûr que l’Irak ne se donnera pas – dans cinq ou dix ans – à un régime ou à un homme qui exprime le nationalisme irakien.
2. Les autres objectifs des États-Unis ne sont pas atteints et ne le seront probablement pas, en particulier la mainmise sur le pétrole irakien.
3. Cela dit, les États-Unis n’ont pas prévu que l’entreprise leur coûterait 500 milliards de dollars, près de 4 000 soldats tués et 20 000 à 30 000 blessés. Ils n’ont pas prévu la division du pays en pour ou contre la guerre, ni le discrédit international que cela leur coûte.
C’est en ce sens que c’est pour eux une guerre perdue et qui s’achèvera par un retrait peu glorieux de leurs soldats.
B.B.Y.

Encore Wade ? Pourquoi pas
– Depuis la réélection du président Wade, je ne cesse de lire et d’observer dans les journaux la contestation de certains hommes politiques du Sénégal, du fait, semble-t-il, du passage en force du chef de l’État sortant. Wade n’est certainement pas parfait, mais il a le mérite d’aimer son pays, contrairement à certains de ses pairs africains. Pour ceux qui auront le courage de le reconnaître, les cinq années de Wade au pouvoir ont considérablement changé le visage du Sénégal : autoroutes, embellissement de la capitale, futur aéroport de Ndiass Wade a réalisé en cinq années ce que d’autres n’ont su faire en plusieurs décennies. Et le meilleur reste à venir si on lui en laisse le temps.
Warren Marley, Libreville, Gabon

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Mali : peut mieux faire
– J’ai lu avec intérêt les pages consacrées au Mali (J.A. n° 2410), pays dans lequel je réside souvent pour raisons professionnelles. Sur le plan « infrastructurel » (routes, ponts, logements dits sociaux, bâtiments publics et autres aménagements agricoles), le régime actuel peut être crédité de progrès méritoires, encore que de sérieux efforts restent à faire dans les trois régions désertiques du Nord (Gao, Kidal et Tombouctou). Au plan « superstructurel », toutefois, les carences dudit régime sont patentes. Je prendrai trois exemples.
L’incivisme et l’anarchie des citoyens, bien perceptibles à Bamako, la capitale, et qui déteignent dangereusement sur la circulation routière, l’hygiène et l’assainissement des cités. D’où de nombreuses victimes par paludisme, choléra, fièvre jaune et accidents de la route. Face à cet incivisme rampant, les pouvoirs publics semblent avoir opté pour la politique du « laisser-faire », sans doute pour ménager une population assaillie par de nombreuses frustrations quotidiennes et dont les manifestations de colère sont réputées dévastatrices
L’incurie, le népotisme et la corruption de l’administration publique qui, à mon avis, est une machine inefficace et incontrôlée. Dans les ministères et directions administratives, parvenir au règlement du moindre dossier dans un délai rapide ou simplement raisonnable sans « mettre la main à la poche » relève souvent du miracle. Le pouvoir actuel n’est peut-être pas entièrement responsable de cette triste situation, mais il ne fait pas grand-chose pour combattre ces tares qui constituent, à mon sens, des éléments manifestes de mauvaise gouvernance
Enfin, le gravissime dysfonctionnement de l’enseignement supérieur destiné aux futures élites du pays. L’Université de Bamako – la seule du pays – est paralysée depuis trois ou quatre ans par les grèves des étudiants et/ou de leurs maîtres. Cette situation véritablement dramatique – qui voit l’année scolaire réduite à trois mois de cours effectifs, en moyenne – hypothèque l’avenir de milliers de jeunes Maliens, de condition modeste ou pauvre, dans un contexte de concurrence sous-régionale et d’implacable mondialisation.
En conclusion, construire des infrastructures modernes dans un pays sous-équipé est certes une bonne chose, mais s’attaquer courageusement et résolument dans le même temps aux maux têtus et transversaux qui minent la société malienne serait salutaire et garantirait davantage la pérennité de la nation malienne.
Michel Timité, Abidjan, Côte d’Ivoire

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