Un Nobel bis

Publié le 9 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

Le 12 avril a été rendue publique la liste des quinze auteurs retenus pour la deuxième édition de l’International Man Booker Prize, prix littéraire britannique créé en 2005 afin de récompenser un auteur dont l’uvre est à la fois universelle et unique. La nouvelle est passée relativement inaperçue en France. Difficile pourtant de rêver plus belle brochette d’écrivains. De l’aînée, Doris Lessing, 87 ans, au benjamin, Iann McEwan, 58 ans, tous sont considérés comme des figures majeures de la création littéraire actuelle. Même si les anglophones ont la part belle. Outre les deux auteurs britanniques cités, on retrouve en effet un Indo-Britannique, Salman Rushdie, un Irlandais, John Banville, trois Canadiens (Margaret Atwood, Michael Ondaatje et Alice Munro), deux Américains (Philip Roth et Don DeLillo), ainsi que le Nigérian Chinua Achebe et l’Australien Peter Carey. Les quatre autres sont le Mexicain Carlos Fuentes, le Néerlandais Harry Muslich, l’Israélien Amos Oz et le Français Michel Tournier.
La première édition, en 2005, avait consacré l’Albanais Ismaïl Kadaré, qui triomphait – excusez du peu – de l’Allemand Günter Grass, du Colombien Gabriel García Márquez et de l’Américain Philip Roth. Le lauréat 2007 sera connu en juin.
Tout laisse à penser que ce prix deviendra très vite l’équivalent du Nobel de littérature. Il bénéficie au départ de l’immense prestige de son aîné, le Man Booker Prize. Créé en 1969 pour couronner le meilleur roman de langue anglaise écrit par un citoyen du Commonwealth et de la République d’Irlande, celui-ci distingue régulièrement d’excellents auteurs : V.S. Naipaul, Nadine Gordimer, Iris Murdoch, William Golding, Salman Rushdie, J.M. Coetzee, Kazuo Ishiguro, Ben Okri, Michael Ondaatje, Arundhati Roy, Ian McEwan
Pourquoi, à la différence du Goncourt et des autres grands prix français, ses choix ne sont-ils guère contestés ? Parce que le fonctionnement du jury garantit son indépendance. Ses membres sont rémunérés. Leur identité, en outre, reste secrète jusqu’à la proclamation du prix. L’influence des éditeurs se trouve ainsi considérablement réduite. On sait que c’est l’une des principales critiques formulées à l’encontre du système français, où les jurés, écrivains pour la plupart, sont suspectés d’être inféodés aux maisons d’édition. Les moyens de pression sont connus, qui vont d’une préface surpayée à une avance sans aucune mesure avec la vente escomptée d’un ouvrage.
En France, qui plus est, on est juré à vie. C’est rarement le cas dans les autres pays européens. Comme pour le Man Booker Prize, les jurés du Premio Cervantes, principale distinction littéraire espagnole, changent tous les ans. En Allemagne, à l’instar du Pulitzer américain, le Georg-Büchner-Preis renouvelle le tiers de son jury chaque année.
Le jury du prix anglais est aussi beaucoup plus ouvert que ses équivalents français ; loin de se limiter aux seuls écrivains, il réunit des éditeurs, des critiques, des libraires, des bibliothécaires Rien d’étonnant dès lors que les choix des lauréats le soient eux-mêmes : les quelques noms cités ci-dessus montrent que les écrivains issus de l’ancien Empire britannique sont souvent primés. En France, si quelques auteurs d’origine africaine, tels, l’an dernier, Alain Mabanckou et Leonora Miano, ont été récemment couronnés, les choix sont beaucoup plus convenus. C’est l’une des raisons pour lesquelles la littérature de langue française peine à s’imposer hors des frontières hexagonales.

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