La relance économique post-Covid doit inclure la justice sociale et climatique
Alors que les pays occidentaux tentent de remettre leurs économies sur les rails, l’Afrique reste à la traîne. Pourtant, le monde a plus que jamais besoin de solidarité face au Covid-19, à l’urgence climatique et au racisme systémique.
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Collen Vixen Kelapile
77e Président du Conseil économique et social des Nations Unies
Publié le 25 novembre 2021 Lecture : 3 minutes.
Venant d’un village reculé de Maitengwe, au Botswana, je n’aurais jamais imaginé que je me retrouverais un jour à prendre part à des conversations multilatérales difficiles sur le développement mondial, dans un monde frappé par une pandémie, une crise climatique qui s’aggrave, des conflits qui s’enlisent. En tant que douzième président africain du Conseil économique et social des Nations unies (Ecosoc), je représente non seulement le Botswana, mais aussi les autres pays du continent dans toute leur diversité. Les priorités de ma présidence en témoignent. L’Agenda 2063 de l’Afrique est au premier plan.
Vaccin pour tous
Nous devons continuer à mettre en œuvre la vision continentale de « l’Afrique que nous voulons » tout en ayant constamment en ligne de mire la réalisation du Programme pour le développement durable à l’horizon 2030, afin de mieux maitriser cette pandémie dévastatrice. Si certains se rétablissent mieux grâce aux vaccins et aux plans de relance, bon nombre des pays les plus pauvres risquent de perdre une nouvelle décennie de développement.
Nous ne pourrons vaincre cette pandémie que grâce à une véritable solidarité mondiale et à des partenariats
À ce jour, seuls quinze pays africains – soit moins d’un tiers du continent – ont vacciné 10 % de leur population. Personne ne sera en sécurité tant que le monde entier ne sera pas protégé. Nous ne pourrons vaincre cette pandémie que grâce à une véritable solidarité mondiale et à des partenariats. Une amélioration rapide de la situation passe par un accès urgent aux vaccins pour tous, la mobilisation de ressources suffisantes et la garantie que les besoins de chacun seront pris en compte. Avec l’aide des amis de l’Afrique dans le monde et un système Covax revigoré, nous pouvons le faire, ce qui nous permettra de remettre nos économies sur les rails. Nous devons combler le déficit de financement de 23,4 milliards de dollars américains afin d’accélérer l’accès aux outils de lutte contre le Covid-19 (ACT) pour la vaccination, le dépistage et les traitements.
Justice climatique et raciale
Sous ma présidence, l’Ecosoc a également la lourde tâche d’intégrer la justice sociale et l’action climatique dans les initiatives de riposte au Covid-19 et de relance de l’économie. Une reprise juste, durable et verte permettra de limiter le réchauffement à 1,5 °C et d’assurer la prospérité aux générations présentes et futures. À la COP26, nous avons fait des progrès, mais ils demeurent insuffisants. Ces avancées devront être renforcées lors de la COP27, en 2022, à Sharm El Sheikh, en Égypte pour répondre à l’état d’urgence climatique que subit l’Afrique avec des températures en hausse, des sécheresses et des inondations destructrices, lesquelles menacent ses moyens de subsistance ainsi que sa sécurité alimentaire.
Les mesures de lutte contre les effets du changement climatique – comme l’intégration d’une stratégie de gestion de la sécheresse dans le budget du Bostwana – doivent être soutenues. Le lien entre la paix et le développement socio-économique est également essentiel. Les conflits ont toujours été le principal obstacle à l’Agenda 2063. Nous devons faire taire les armes et œuvrer pour des sociétés pacifiques et inclusives.
Nous devons également nous opposer résolument aux inégalités, à la discrimination et au racisme
Nous devons également nous opposer résolument aux inégalités, à la discrimination et au racisme. J’appelle donc le reste du monde à rejoindre le mouvement de solidarité avec les personnes d’ascendance africaine et d’autres groupes minoritaires pour condamner l’injustice raciale et le racisme systémique.
En juillet prochain, à l’ONU, 22 pays africains présenteront leurs Examens nationaux volontaires sur les progrès accomplis pour atteindre les Objectifs de développement durable. Cette démarche importante renforcera, je l’espère, la solidarité internationale à laquelle ces pays aspirent.
C’est la jeunesse qui déterminera l’avenir de l’Afrique. Je suis impressionné par leur persévérance, leur passion, leur engagement et leur leadership. Ils apportent de nouvelles idées et autant d’innovations au service d’un avenir plus inclusif et durable. Notre rôle est de les accompagner dans cette démarche. Nous devons écouter les jeunes hommes et femmes qui se réuniront au Forum de la jeunesse de l’Ecosoc en avril 2022. Pour notre Afrique bien-aimée, je suis déterminé à les accompagner pour mettre pleinement en œuvre l’Agenda 2063 du continent et le Programme mondial pour le développement durable à l’horizon 2030.
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