Mali – Florence Parly : « Sur leurs liens avec Wagner, les Russes ne trompent personne »
L’arrivée possible de mercenaires russes à Bamako, le jeu d’Assimi Goïta, la montée du sentiment anti-français, les actes posés par Mahamat Idriss Déby Itno au Tchad… Entretien avec la ministre des Armées d’Emmanuel Macron.
Alors que la présidentielle française approche à grand pas, l’heure du bilan a bientôt sonné pour Emmanuel Macron. Et en matière de politique africaine, c’est peu dire que les questions de défense et de sécurité ont dominé les débats – même si le pensionnaire de l’Élysée s’est évertué, durant son mandat, à essayer d’ouvrir d’autres horizons dans les relations entre la France et les pays du continent.
Évidemment, la situation au Sahel et l’opération Barkhane ont souvent été au centre des préoccupations. Environ 5 000 soldats déployés dans cinq pays, soit la plus grosse « opex » (opération extérieure) française depuis le début des années 2000. Le tout pour un résultat mitigé, alors que les groupes jihadistes ne cessent d’étendre leur influence dans le Sahel et de déstabiliser la région.
À son arrivée au pouvoir, en mai 2017, Emmanuel Macron avait initialement choisi Sylvie Goulard pour remplacer l’incontournable Jean-Yves Le Drian au ministère des Armées. Mais l’intéressée, impliquée dans une affaire plombant son parti, le Modem, avait finalement démissionnée au bout d’un mois. Pour lui succéder, le chef de l’État avait alors misé sur une autre femme : Florence Parly.
Le choix de cette haute fonctionnaire rigoureuse, pas spécialement connue pour son appétence militaire, avait d’abord surpris, y compris au sein de l’armée. Puis l’ancienne secrétaire d’État au Budget (2000-2002), passée par la direction d’Air France et de la SNCF, a progressivement imposé sa patte. Pas à la manière d’un Le Drian, à tu et à toi avec nombre de chefs d’État africains. Mais assez pour s’attirer la confiance des militaires et surtout de son patron qui, au final, l’a maintenue à son poste stratégique au fil des remaniements.
En cette fin novembre, la ministre française des Armées reçoit dans son bureau de l’Hôtel de Brienne. Arrivée potentielle des mercenaires russes de Wagner au Mali, relations tendues avec la junte au pouvoir à Bamako, réorganisation du dispositif militaire français au Sahel… Pendant une heure, elle a répondu aux questions de JA.
Après Paris et Bruxelles, c’est au tour des États-Unis de mettre en garde les autorités maliennes contre un recours aux mercenaires russes de Wagner. Pensez-vous Bamako toujours capable de signer un tel accord ?
Tout est fait pour éviter une situation qui serait profondément dommageable pour le Mali et sa population. La pression diplomatique est très forte. Le 9 novembre, nous avons remis une lettre signée par douze pays européens au ministre de la défense malien, lui indiquant que la présence de Wagner aurait des conséquences sur la présence de la communauté internationale au Mali.
Vous a-t-il répondu ?
Pas pour l’instant.
La présence de Wagner pourrait être une forme d’assurance permettant à la junte de prolonger la transition
Quelles seraient ces conséquences ?
Bien s’informer, mieux décider
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