Lobby de l’excellence

Porte-voix de l’élite technique du pays, l’Atuge s’est imposée comme un interlocuteur privilégié des pouvoirs publics.

Publié le 9 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

L’antenne tunisoise de l’Association des Tunisiens des grandes écoles (Atuge) a tenu son assemblée générale le 14 avril à l’hôtel Concorde des Berges du Lac de Tunis, renouvelé de moitié son bureau directeur et confirmé dans ses fonctions son président, Hassen Zargouni. Association indépendante, apolitique et à but non lucratif, l’Atuge a été fondée en 1990 par le polytechnicien feu Mokhtar Latiri, « l’architecte de la filière A », une filière réservée aux meilleurs bacheliers scientifiques de la République, et qui leur garantit un quota annuel d’une centaine de places dans les meilleures classes préparatoires aux grandes écoles françaises.
Avec ses trois mille membres, dont un millier en Tunisie, cette association élitiste, mais à vocation citoyenne, s’est imposée comme un interlocuteur privilégié des pouvoirs publics et a pesé sur un débat économique jusque-là réservé aux seuls technocrates. Elle a multiplié séminaires et colloques, au rythme de un par mois minimum, « des réunions qui ont eu de l’impact, puisque nos membres ont été associés à l’élaboration des projets de loi sur la transmission de l’entreprise familiale et l’internationalisation des entreprises tunisiennes », se félicite Zargouni.
Très impliqué dans la vie associative – il vient d’être désigné à la tête de la section tunisienne du Rotary -, cet ancien de l’École nationale de la statistique et de l’administration économique (Ensae), qui dirige le cabinet maghrébin d’études médias et marketing Sigma Conseil, a joué un rôle déterminant dans la mise sur orbite de l’association. Âgé de 40 ans, cet ancien boursier de l’État et fervent adepte de la méritocratie est un agitateur d’idées qui a le sens de la communication. Sitôt élu à la tête de l’Atuge, il s’est astreint à visiter une à une toutes les écoles d’ingénieurs tunisiennes pour sensibiliser leurs élèves et les aider à croire à leurs possibilités de réussite aux concours les plus prestigieux. « Grâce à notre structure, l’élite technique tunisienne, qui ne se sentait pas forcément représentée dans le débat public, commence à y trouver sa place, explique-t-il. Nous sommes parvenus à créer une sorte de lobby de l’excellence. Et nous sommes fiers également d’accomplir un travail pédagogique en direction de la jeunesse, qui consiste à montrer d’autres modèles de réussite que ceux véhiculés par les médias de masse et qui se résument aux footballeurs et aux stars de variété »
En marge de ses assises, l’Atuge a rendu hommage aux « six mousquetaires de la République », six techniciens de grand talent dont les choix visionnaires ont donné forme au développement économique et social tunisien : Mokhtar Latiri, ingénieur en chef des travaux publics de Bourguiba jusqu’en 1969, bien sûr, mais aussi l’hydraulicien Lassaad Ben Osman, aménageur de la vallée de la Medjerda, feu Tahar Amira, patron des mines de phosphate de Gafsa et créateur de la Société de l’électricité et du gaz (Steg), Abdelaziz Zenaïdi, bâtisseur des hôpitaux et universités, Makki Zidi, un autre polytechnicien, qui a dirigé les aciéries El-Thoulath, et enfin Sadok Bahroun, ancien président de la Banque de développement économique tunisienne (BDET), le planificateur des grands projets structurants.

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