Les Africains ne croient plus aux élections

Publié le 9 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

D’après les analystes, la présidentielle nigériane du 21 avril est l’exemple le plus frappant d’une inquiétante évolution en Afrique : bien que de plus en plus d’élections soient organisées sur le continent, un nombre croissant de citoyens perd progressivement confiance en la démocratie.
« La situation en Afrique est vraiment contrastée », estime Peter Lewis, directeur des études africaines à l’université Johns-Hopkins et membre de l’équipe de chercheurs qui a réalisé l’« Afrobaromètre », un sondage sur l’état de l’opinion en Afrique. « Dans certains pays, la scène politique est dynamique, tandis que dans d’autres, c’est la routine électorale, même si la gouvernance ne s’y améliore pas pour autant. »

Les Africains ne croient guère à ces processus électoraux qui excluent presque systématiquement les candidats populaires et sont entachés de fraudes, conclut l’enquête 2006 de l’Afrobaromètre, réalisée auprès de 1 200 à 2 400 électeurs dans 18 pays. Bien que 6 Africains sur 10 estiment que la démocratie est préférable à tout autre régime, le taux de satisfaction des « usagers » du système est passé de 58 % en 2001 à 45 % cinq ans plus tard.
Au Nigeria, la frustration est profonde. En 2000, dans l’euphorie qui suit la transition démocratique, 84 % des Nigérians se disent satisfaits de la façon dont la démocratie est pratiquée dans leur pays. En 2005, ils ne sont plus que 25 %, une proportion plus faible que dans tous les États ayant fait l’objet de l’enquête, à l’exception du Zimbabwe. Toujours au Nigeria, près de 70 % des sondés ne croient pas que des élections puissent écarter un chef d’État irresponsable.

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D’après un rapport publié en 2006 par Freedom House, une organisation américaine de promotion de la démocratie, les tendances sur le continent sont variées. « En 2006, l’Afrique subsaharienne affiche à la fois des exemples de démocratie naissante parmi les plus encourageants et des exemples de stagnation politique, de dévoiement et de faillite de la démocratie parmi les plus désespérants », estime le rapport.
En effet, il y a eu ces derniers temps quelques élections réussies – en Mauritanie et en République démocratique du Congo – et d’autres totalement dévoyées, en Gambie, en Ouganda, en Éthiopie ou en Zambie, des États que l’on crut un temps engagés sur la voie de la démocratie. Il y a aussi des pays où le vote se tient régulièrement, mais il est si manipulé qu’il ne peut être véritablement qualifié de démocratique, comme en Guinée ou au Zimbabwe.
En 1976, Freedom House ne recensait dans son panel que trois pays réellement « libres », contre 25 « non libres ». Trente ans plus tard, les pays « non libres » sont au nombre de 14, et le gros des États africains appartient à la catégorie « partiellement libre ».

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