Burkina Faso : Kaboré tente de faire retomber la pression
Dans une allocution à la télévision nationale, le président a annoncé un remaniement et des changements « imminents » au sein de l’armée pour tenter de désamorcer la colère populaire, alors que des appels à manifester samedi dans tout le pays ont été lancés par ses opposants et des organisations de la société civile.
« Il ne faut surtout pas croire que c’est en cassant le thermomètre qu’on guérit de la fièvre. » Jeudi 25 novembre, alors que la nuit était tombée depuis longtemps sur Ouagadougou, c’est un Roch Marc Christian Kaboré à l’air grave qui est apparu sur les écrans de télévision des Burkinabè. Dans cette allocution imprévue d’une dizaine de minutes, le président a tenté de calmer la grogne de ses compatriotes qui, depuis quelques jours, fait sérieusement vaciller son pouvoir.
À la base de ce mécontentement généralisé : la situation sécuritaire très préoccupante et, plus particulièrement, l’attaque d’Inata. Le 14 novembre, au moins 54 gendarmes de ce détachement du Soum ont été tués par des jihadistes. Jamais l’armée burkinabè n’avait subi une telle saignée. Un massacre d’autant plus incompréhensible que ces hommes n’étaient plus ravitaillés depuis quinze jours et avaient alerté leur hiérarchie sur leur sort.
« Changements imminents »
Alors que des appels à manifester dans tout le pays laissent craindre un vaste mouvement de contestation populaire ce samedi, Kaboré a proposé une série de mesures pour tenter de faire baisser la température. Il a d’abord annoncé un remaniement « dans les prochains jours » pour former un gouvernement « resserré et plus soudé ».
Il a aussi promis « des changements imminents » au sein des forces armées, même s’il avait déjà procédé à une série de nominations en septembre. Il a en outre promis une « présence active et effective » des chefs militaires sur le front « aux côtés de la troupe », laquelle, en plein doute, se plaint de plus en plus ouvertement d’être abandonnée par les autorités.
Concernant l’attaque d’Inata, le chef de l’État a indiqué que le rapport de l’enquête administrative lui serait remis mardi. « Toutes les conséquences disciplinaires seront tirées et les poursuites judiciaires appropriées seront engagées », a-t-il assuré. Il a également annoncé le lancement, dès la semaine prochaine, d’une « opération mains propres contre la corruption ».
Et internet ?
Rien, en revanche, au sujet du rétablissement de la connexion internet mobile. Depuis le 20 novembre, les Burkinabè n’y ont plus accès. Une décision radicale, appliquée parfois dans d’autres pays en crise mais inédite au Burkina Faso. Jeudi, à la sortie du conseil des ministres, le gouvernement a annoncé le prolongement de cette mesure pour 96 heures, la justifiant par la situation sécuritaire nationale et les appels à manifester malgré l’interdiction des autorités.
Les écoles sont par ailleurs fermées ces vendredi et samedi. Quant aux festivités prévues pour la fête nationale du 11 décembre, qui devaient se dérouler cette année à Ziniaré, elles ont été « reportées » en raison des « deuils successifs subis » par la nation et les forces de défense et de sécurité.
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