Hors des sentiers battus

Convaincues que le secteur peut contribuer à réduire la pauvreté, les autorités souhaitent accueillir jusqu’à un demi-million de visiteurs par an.

Publié le 7 mai 2007 Lecture : 4 minutes.

« Le Burkina Faso, c’est la diversité », affirme le slogan. Il est vrai que le pays compte de nombreux attraits. Les touristes s’y rendent pour assister aux grandes manifestations culturelles (Salon de l’artisanat, Festival de cinéma et de la télévision, etc.), découvrir ses villages, mener des actions humanitaires ou encore faire des affaires. Mais hormis les touristes businessmen, les visiteurs renvoient généralement l’image d’un voyageur « sac au dos » aux moyens modestes. Aujourd’hui, changement de stratégie. Plus question de rester dans l’archétype du tourisme « solidaire et militant ».
Avec ses cultures et ses paysages variés et l’hospitalité légendaire de ses habitants, le pays des Hommes intègres a des atouts que les autorités entendent mettre en avant. En matière de loisirs, le tourisme culturel et « spirituel » s’intéresse aux coutumes et rites locaux. On y pratique aussi le tourisme animalier et d’aventure, l’agro- et l’écotourisme, ainsi que le tourisme de congrès, essentiellement centré sur Ouagadougou.
Chaque région est ciblée en fonction de ses potentialités. Avec sa forêt, ses cours d’eau, ses massifs, le Sud-Ouest, sanctuaire des patrimoines culturels bobo et sénoufo, se prête au tourisme spirituel, de découvertes et de nature. Le Sud-Est et le Centre-Sud abritent des grandes réserves dont le parc national du W et le parc national Tambi Kabore, favorisant l’écotourisme et la chasse. Le Centre, quant à lui, est idéal pour les congrès, tandis que le Sahel est propice à l’aventure et aux événements culturels.
Pour traduire dans les faits la nouvelle stratégie touristique, une série de mesures institutionnelles ont été prises. À la suite de l’adoption de la loi du 2 juillet 2001 sur la régionalisation, la carte touristique du pays a été redessinée. Dans chacune de régions identifiées par l’Office national du tourisme burkinabè, les principaux sites touristiques ont été répertoriés afin de faciliter leur localisation et leur exploitation.
Cadre de référence des actions des différents partenaires du secteur, la loi d’orientation entend promouvoir un tourisme durable, écologique et respectueux des valeurs socioculturelles du pays. Adopté en mai 2005, ce texte est le point de départ d’une politique prévoyant, sur cinq ans, un investissement de 6 milliards de F CFA (9 millions d’euros) dans les structures d’accueil (hôtels et campements à proximité des sites les plus fréquentés). À noter aussi l’entrée en vigueur de la Charte du tourisme, signée en 2004 par les professionnels et les autorités, et la mise en place d’une structure chargée du classement des hôtels et des restaurants. Afin de connaître le poids économique et social du secteur, l’implantation d’un Observatoire national, chargé de mener des enquêtes de terrain et d’élaborer des statistiques, est à l’étude.
En outre, communication et promotion ont fait l’objet d’une attention toute particulière. Élaborée par le groupe français 2H en partenariat avec une agence locale, Novavision, une campagne publicitaire internationale a été lancée en 2006. Pendant cinq semaines, quatre spots publicitaires diffusés sur trois chaînes de télévision internationales – Canal Horizon, TV5 et Euronews – ont vanté la « destination à ne pas manquer ». Objectifs : susciter l’intérêt des Occidentaux et s’attirer les grâces de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), à laquelle le Burkina Faso est redevable de 141 millions de F CFA en tant que pays membre. Dans la foulée, une série de guides touristiques ont été édités et diverses manifestations organisées à Ouaga, au cours du dernier trimestre 2006 (conférence régionale « Artisanat et tourisme au service du développement », 4e Salon international du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou, 6e Foire internationale du livre de Ouagadougou).
L’accès aux destinations a par ailleurs été amélioré. Neuf compagnies aériennes desservent désormais le pays. Et les nombreuses liaisons sous-régionales mises en place devraient permettre au tourisme inter-États de se développer.
Toutefois, des efforts restent à faire en matière d’aménagement de sites, d’hébergement, de formation et de promotion d’événements. Le pays dispose de 200 hôtels, soit une capacité de plus de 4 000 chambres. Mais en dehors de la capitale, qui abrite le tiers des établissements hôteliers, et de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville située dans le Sud-Ouest, le reste du pays est sous-équipé. Un Fonds de développement du tourisme a été créé pour construire des campements. Reste à convaincre le secteur bancaire et les promoteurs. Pour répondre aux objectifs de professionnalisation du secteur, une section de formation au métier de guide touristique a été ouverte à l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam).
L’ensemble de ces mesures permettra-t-il d’attirer le demi-million de visiteurs que visent les autorités et de faire du tourisme un des fers de lance de la lutte contre la pauvreté ? Actuellement, le Burkina accueille entre 250 000 et 300 000 visiteurs par an, ce qui le place au quatrième rang des destinations touristiques de l’Afrique de l’Ouest après le Ghana, le Sénégal et le Nigeria. Les Français, et plus largement les Européens, constituent le gros des visiteurs, suivis d’une clientèle non négligeable en provenance des pays voisins. Le tourisme connaît une croissance moyenne de 5,8 %, emploie plus de 15 000 personnes et génère environ 30 milliards de F CFA par an. Un bilan certes honorable, mais encore insuffisant pour contribuer à la réduction de la pauvreté.

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