Mort de Virgil Abloh, un styliste tourné vers la jeune génération
Le directeur artistique de Louis Vuitton a été emporté par un cancer dimanche 28 novembre, à l’âge de 41 ans. De nombreuses personnalités ont salué son « génie visionnaire ».
Il se battait contre un cancer d’une forme rare depuis deux ans. Virgil Abloh est décédé à l’âge de 41 ans en laissant derrière lui une femme, Shannon, et deux enfants, Lowe et Grey. Et une vision de la mode qui a su redéfinir les contours d’une industrie proprette et bourgeoise. Ce fils d’immigrés ghanéens installé à Chicago s’est construit un rêve américain sur-mesure. En 2018, il devient le premier styliste africain-américain et l’un des rares designers noirs à prendre la direction artistique d’une maison de luxe, celle de Louis Vuitton. « Nous sommes tous choqués par cette terrible nouvelle, a déclaré Bernard Arnault, PDG de la société mère de Louis Vuitton, dans un communiqué. Virgil n’était pas seulement un designer de génie, un visionnaire, c’était aussi un homme avec une belle âme et une grande sagesse. »
Sweet à capuche glissé sous une veste XXL de smoking, pantalon à pinces et baskets aux pieds…Virgil Abloh a su dépoussiérer la ligne homme de la griffe en osant mêler haute couture et street culture. Une signature souvent copiée mais rarement égalée. Outre son talent et son sens des affaires – il aurait contribué à augmenter les ventes de biens de luxe de 5 % en 2017 – c’est bien sa personnalité qui a su faire l’unanimité dans ce milieu très fermé et concurrentiel de la mode.
Talents multiples, collaborations variées
Proche du rappeur Kanye West, pour qui il a signé la direction artistique de ses projets pendant dix ans, Virgil Abloh s’est d’abord fait un nom grâce à sa marque de streetwear Off-White lancée en 2013 à Milan. La création de ce label reconnaissable à son logo formant deux flèches croisées lui vaut d’être finaliste du prestigieux prix LVMH en 2015. Là où de nombreux stylistes auraient profité de ce sacre pour briller en solo, Virgil Alboh se montre accessible.
« Lorsque le gagnant du prix LVMH a été annoncé, Virgil Abloh s’est immédiatement précipité pour voir les designers talentueux qui n’étaient pas gagnants ce jour-là. Il leur a rappelé qu’il n’avait pas gagné ce prix lui-même. Il était si généreux et convaincant, partageant sa sagesse et son énergie. C’était un moment authentique où un homme poussait les autres à continuer. Le dynamisme et la créativité que nous venons de perdre aujourd’hui sont tout simplement époustouflants », a écrit dans un post Instagram le journaliste et documentariste de mode Loïc Prigent.
Virgil Abloh inspire très vite la jeunesse qui voit en lui un mentor. Lors de son premier défilé pour Louis Vuitton, il tient à inviter les étudiants d’école de mode, d’ordinaire exclus des rangées réservées aux grands noms de l’industrie et aux stars.
Designer, styliste, DJ, entrepreneur en phase avec son temps… ce touche-à-tout met à profit ses talents multiples et enchaîne ensuite les collaborations. Il dessine une collection de luminaires pour Baccarat, conçoit du mobilier pour le fabricant suisse Vitra, signe une collection de meubles taillée pour la génération Y pour Ikea, collabore avec le musée du Louvre dans le cadre de l’exposition Léonard de Vinci où il propose une ligne de vêtements éphémère. Virgil Abloh crée aussi une capsule pour Nike en revisitant la célèbre Air Jordan et en imaginant une paire de baskets pour Kylian Mbappé. « Personne n’oubliera l’impact que tu as eu. Que Dieu te bénisse mon ami », a ainsi twitté le footballeur en apprenant la disparition du styliste.
Si Virgil Abloh a su encore une fois bien s’entourer en invitant des personnalités cinq étoiles mais populaires, il a profité de cette collaboration avec la marque à la virgule pour mettre en place des workshops réservés aux designers montants. Une nouvelle façon pour lui d’inspirer la jeunesse et de laisser derrière lui des héritiers.
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