Merci, Joséphine Baker
Ce 30 novembre, Joséphine Baker entre au Panthéon. Un symbole qui fait, à juste titre, l’unanimité. Puisse-t-il nous inspirer!
Joséphine Baker au Panthéon : une page d’Histoire s’écrit
Le 30 novembre 2021, Joséphine Baker est devenue la première femme noire à entrer au Panthéon.
Ni remous ni scandales, ni contestations ni réserves. Pour une fois, le choix du président Emmanuel Macron semble faire l’unanimité et l’entrée de Joséphine Baker au Panthéon, temple républicain des « grands hommes », lui fournira ce 30 novembre 2021 l’occasion de dire ce que doit être la France de demain.
En habile manipulateur des symboles, il caressera dans le sens du poil le pays des Droits de l’homme et du citoyen tel qu’il aime à se penser : égalitaire, libertaire et fraternel. En un temps où certains communiquent avec des doigts d’honneur, il serait malvenu de faire la fine bouche face au symbole. Surtout quand celui-ci a les yeux et la voix de Joséphine Baker.
Un exemple d’affranchissement
Dès 2013, dans une tribune pour le quotidien Le Monde, le philosophe Régis Debray demandait l’entrée de la chanteuse et danseuse au Panthéon. « L’époque n’est pas au sacrifice ? Justement. La Gestapo a quitté la place et personne ne nous demande de faire sauter les trains. On peut encore, en revanche, secouer les apartheids en réinventant le quotidien. Joséphine Baker n’a pas l’aspect d’une héroïne. C’est une irrégulière. Ce n’est pas un mythe. C’est un exemple. De quoi ? D’un affranchissement, qui a bousculé les conformismes et dérangé les lignes », écrivait-il déjà.
Une femme noire, antiraciste, féministe, résistante, bisexuelle, franc-maçonne sera célébrée par la nation reconnaissante
Emmanuel Macron l’a lu et entendu, le cénotaphe de l’enfant née Freda Joséphine McDonald, le 3 juin 1906 à Saint-Louis (Missouri), attirera désormais en visiteurs les fantômes de Jean Moulin, Victor Schœlcher et Félix Éboué, entre autres, comme sa loge parisienne attirait Hemingway, Man Ray, Le Corbusier et bien d’autres.
Et le temps d’un discours, au moins, une femme noire, antiraciste, féministe, résistante, bisexuelle, franc-maçonne sera célébrée par la nation reconnaissante. Laquelle peut bien lui dire merci pour ce qu’elle a offert : son talent, son engagement, sa générosité, sa reconnaissance.
Merci pour la beauté, merci pour le spectacle, merci pour le retournement du regard, merci pour le combat, et surtout merci pour l’exemple et l’inspiration. Les plus jeunes générations iront chercher et trouveront dans les livres d’histoire, les albums jeunesse (Joséphine Baker, la danse, la résistance et les enfants, de Patricia Hruby Powell, Rue du monde, 108 pages, 19,50 euros), les bandes dessinées (Joséphine Baker, de Catel & Bocquet, Casterman, 568 pages, 30 euros), les documentaires (Stupéfiant – Modèles noirs, regards blancs et Secrets d’histoire : Joséphine Baker, la fleur au fusil, diffusés les 2 et 3 décembre sur France 2/TV5 Monde), les expositions (Baker au fil de l’eau, piscine Joséphine-Baker, jusqu’au 31 décembre), de quoi nourrir une vision de la France qui ne soit pas celle, rance, du rejet et de l’égoïsme.
Merci Joséphine Baker de nous aider encore, par-delà la mort, à être un peu meilleurs.
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