Un scandale économique

Publié le 8 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

La production pétrolière du Nigeria et celle de l’Algérie sont presque similaires, mais le premier pays dispose d’un gros avantage sur le second : ses réserves sont deux fois plus importantes. Pourtant, quatre fois moins nombreux, les Algériens produisent annuellement beaucoup plus que les Nigérians : l’équivalent de 15 milliards de dollars. La comparaison avec le Japon est encore plus vertigineuse. Alors que les deux pays ont à peu près la même population (environ 130 millions d’habitants). L’un vend cent fois plus de biens et de services que l’autre. Voilà les résultats de quarante ans d’anarchie, de gabegie, de mauvaise gouvernance et de détournements. Si les Nigérians sont célèbres dans le monde entier, c’est pour leur ingéniosité… dans les escroqueries en tout genre.
Sauf nouvelles découvertes, les réserves pétrolières nigérianes devraient être épuisées vers 2040. Or 98 % des recettes en devises du pays proviennent aujourd’hui de l’or noir. Le reste – agriculture, industrie et services – compte pour à peu près rien (2 %). Un véritable scandale économique. À titre indicatif, le Cameroun voisin exporte, en valeur, deux fois plus de produits industriels que le Nigeria. Et ce dernier dépense 2 milliards de dollars par an pour importer des produits alimentaires ?
Chaque Nigérian dispose d’un revenu annuel de 300 dollars, moins que la moyenne de tous les autres pays africains (500 dollars). Encore n’est-ce là qu’un chiffre théorique. Dans la réalité, la majorité des habitants survit avec beaucoup moins que cela, une minorité disposant de revenus qui se chiffrent en millions, voire en milliards de dollars.
Depuis quatre ans, le président Obasanjo a bénéficié d’une bonne conjoncture pétrolière. Du coup, le Produit intérieur brut (PIB) est passé de 30 milliards de dollars en 1999 à plus de 40 milliards en 2002. Et la dette extérieure est restée stable (31 milliards). Hélas ! les gens ordinaires n’en ont que fort peu profité. La monnaie nationale (le naira) a ainsi perdu le tiers de sa valeur, ce qui a provoqué une augmentation proportionnelle des prix à la consommation. Le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est de 130 ä, contre 100 ä au Sénégal, 60 ä en Afrique du Nord et 10 ä dans les pays développés. Seuls 40 % de la population a accès à l’eau potable et aux soins médicaux. Quant à la malnutrition, elle touche un enfant sur quatre. Or 50 % des Nigérians ont moins de 14 ans. Le moins que l’on puisse dire est donc que l’avenir ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. s

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