Panthéonisation de Joséphine Baker : la lutte contre le racisme se conjugue toujours au présent

Femme, noire, artiste et résistante, Joséphine Baker entre au Panthéon ce 30 novembre. Le couronnement de cette Africaine-Américaine d’origine, qui réprouvait toutes les idéologies de la haine, ne doit pas nous faire oublier que son combat reste d’actualité.

La chanteuse et danseuse française d’origine américaine Joséphine Baker reçoit la Légion d’honneur et la Croix de guerre avec palme le 19 août 1961 dans son château des Milandes. © AFP

La chanteuse et danseuse française d’origine américaine Joséphine Baker reçoit la Légion d’honneur et la Croix de guerre avec palme le 19 août 1961 dans son château des Milandes. © AFP

Dominique Sopo, à Paris, en 2012. © Remy de la Mauviniere/AP/SIPA

Publié le 30 novembre 2021 Lecture : 2 minutes.

Joséphine Baker est entrée au Panthéon le 30 novembre 2021. © Alamy/ABACA
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Joséphine Baker au Panthéon : une page d’Histoire s’écrit

Le 30 novembre 2021, Joséphine Baker est devenue la première femme noire à entrer au Panthéon.

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Une panthéonisation est un acte symbolique qui enrichit nos représentations collectives. Et le symbole est ici fort : née aux États-Unis, Joséphine Baker fut une artiste qui fit de la France sa patrie d’adoption jusqu’à en devenir le visage de ses Années folles, elle s’engagea contre le nazisme et la collaboration en rejoignant dès 1940 la Résistance,  elle combattit le racisme ici et dans son pays de naissance – elle fut la seule française à prononcer un discours lors de la marche de Washington du 28 août 1963 durant laquelle Martin Luther King prononça son fameux « I have a dream » – et elle incarna le rêve d’une humanité rassemblée en adoptant des enfants qui formèrent une « famille arc-en-ciel » venue des quatre coins du monde.

Un symbole ne fait pas tout

Un pays a besoin de symboles et celui-ci en est un beau, à l’heure où tant de voix prônent la haine raciste, les replis identitaires et la malveillance envers une jeunesse qui aurait le tort d’être trop noire, trop musulmane, trop arabe, trop féministe, trop gender fluid, trop ouverte sur le monde, bref, d’être tout simplement. Mais un symbole ne fait pas tout, car il n’est précisément qu’un symbole.

Cette panthéonisation peut être un levier pour lutter contre les représentations d’une France uniforme

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Cette panthéonisation, en enrichissant nos représentations collectives, peut être un levier pour lutter contre les représentations d’une France uniforme et constamment mise en danger par toute diversité. Elle peut être tout autant un levier pour que chacun, ici, se dise que toute personne peut être honorée par la République, quels que soient sa couleur de peau, son genre, sa religion ou sa non-religion, son pays de naissance ou la consonance de son prénom. Elle peut enfin être un levier pour que, ici et maintenant, nous luttions contre le racisme, l’antisémitisme et toutes les idéologies de la haine que Joséphine Baker réprouvait.

« Les Noirs, c’était mieux avant »

En somme, la panthéonisation de Joséphine Baker ne doit pas être l’occasion de regarder dans un rétroviseur pour mieux conjuguer la lutte contre le racisme au passé et dire que « les Noirs, c’était mieux avant », tendances qui, bien que petites musiques, n’en sont pas moins présentes et chercheront à détourner la cérémonie de l’esprit qui devrait l’animer.

Cette panthéonisation – et elle sera alors un hommage entier à Joséphine Baker – doit être un rappel qu’aujourd’hui il nous faut lutter avec acharnement pour que chacun, même s’il est Noir (que cette audace me soit pardonnée !), puisse bénéficier de toutes les opportunités qu’offre notre société. Fidèles en cela à Joséphine Baker et aux millions d’hommes et de femmes qui se sont levés contre les injustices et la haine à travers l’Histoire, les militants antiracistes n’oublient pas que la lutte contre le racisme se conjugue toujours au présent.

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