« Un choix irréversible »

Publié le 8 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

JEUNE AFRIQUE/L’INTELLIGENT : Où en est la mise à niveau des entreprises marocaines ? Est-il vrai qu’un tiers d’entre elles risque de ne pas survivre à une concurrence internationale exacerbée ?
ABDERRAZAK EL-MOSSADEQ : Vous faites sans doute allusion à ce qui a pompeusement été qualifié de « théorie des trois tiers », qui postule qu’un tiers des entreprises du tissu économique est voué à disparaître. C’est une ineptie : l’entreprise est à l’entrepreneur, sa réussite ou son échec ne se décrète pas arbitrairement. D’ailleurs, nous ne parlons pas de mise à niveau de l’entreprise, car cela n’est pas de notre ressort, mais de mise à niveau de l’économie. Les deux choses vont de pair, et le rôle de l’État est de créer les conditions permettant l’épanouissement des entreprises, donc de lever les obstacles au développement de leur activité et de favoriser leur modernisation. Pour ce faire, nous avons créé un Comité national de la mise à niveau, doté de cinq pôles : l’entreprise, l’administration, le marché, les politiques sectorielles – car certains secteurs comme le tourisme doivent s’analyser globalement -, et enfin le cadre macroéconomique. Ces pôles sont présidés par des privés, et le ministère en assure le secrétariat général. Notre démarche est globale, participative et pragmatique. Ma philosophie, c’est que la mise à niveau est un processus permanent, inhérent au capitalisme moderne. Elle ne doit pas dépendre de facteurs conjoncturels comme l’ouverture à la concurrence. Une entreprise doit toujours chercher à réduire ses coûts et proposer de meilleurs produits, même si elle évolue sur un secteur protégé. Elle doit s’adapter en permanence.

JAI : Vous êtes donc confiant dans l’avenir ?
A EM : Oui, le Maroc a fait un choix irréversible, a adhéré au Gatt [l’ancêtre de l’Organisation mondiale du commerce, NDLR] en 1990, a signé l’accord d’association avec l’Union européenne en 1996, et a depuis démantelé nombre de ses barrières tarifaires et non tarifaires. Ses entreprises ont réussi à passer d’une situation de protection totale à une situation de protection très limitée. Il n’y a donc pas de raison pour qu’elles échouent à gérer la transition vers une situation de mise en concurrence totale.

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JAI :L’impératif de mise à niveau a-t-il vraiment été intégré par les patrons de PME-PMI ?
A EM :Nous travaillons à sensibiliser ceux qui ne se sentent pas directement concernés, et nous nous appuyons pour cela sur les Centres régionaux d’investissement (CRI), qui ont maintenant aussi pour fonction de préparer et de faciliter la mise à niveau des PME-PMI. Cela dit, contrairement à une idée reçue, je ne crois pas que la mondialisation va beaucoup affecter les petites entreprises. Leurs segments de marché sont bien identifiés et localisés, ils constituent des niches protectrices. Les grandes entreprises, s’adressant à un marché très large, sont autrement plus exposées…

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