Premiers Dérapages (plus ou moins) contrôlés

Publié le 8 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Qu’on se gargarise des prouesses technologiques des drones, Patriot, Tomahawks et autres hélicoptères Apache, passe encore. Mais il est une chose avec laquelle il ne faut pas jouer, c’est la réalité des faits. Et, comme en 1991, les journalistes couvrant la guerre du Golfe épisode II ont vite prêté le flanc à la critique. Florilège.
Les colonnes imaginaires de la Garde républicaine. Cette information, selon laquelle deux colonnes de tanks irakiens sorties de Bagad s’apprêtaient à attaquer la coalition, le 27 mars, est venue d’un journaliste de CNN, Walter Rodgers, « embarqué » avec les forces américaines. En fait de colonnes, il n’y avait que quelques véhicules. Malgré les efforts du Pentagone pour démentir cette nouvelle, elle a fait les choux gras du Mail, de l’Independent et du Mirror.
La chute incertaine d’Oum Qasr. Le 20 mars, cette information : le port d’Oum Qasr est aux mains de la coalition, sécurisé. Une information infirmée, puis confirmée plusieurs fois, les 24 et 25 mars. Alors que le dimanche 30 mars, 150 Irakiens continuaient de se battre contre les marines.
Les exécutions qui n’en étaient pas. Luke Allsop et Simon Cullingworth, soldats anglais, ont perdu la vie. La chaîne qatarie Al-Jazira a montré le 27 mars leurs corps mutilés. Le Sun s’est insurgé contre ces exécutions, Tony Blair lui a emboîté le pas avec emphase. Mais la soeur de Luke, Nina, s’est confiée au Mirror : son frère n’a pas été exécuté, selon son colonel, mais tué au cours d’une « embuscade ». La différence est notable.
L’usine virtuelle d’armes chimiques. Dimanche 30 mars, les troupes américaines venaient de découvrir une cache d’armes chimiques près de Nadjaf, selon un reporter « embarqué » du Jerusalem Post. Une information aussitôt reprise par Fox News. Les autres médias sont restés plus circonspects : à juste titre. Le général Tommy Franks, ainsi que les anciens inspecteurs, ont démenti. La présence d’armes de destruction massive reposait « sur des spéculations ».
Le soulèvement hypothétique de Bassora. La nouvelle est venue de la BBC News 24 : alors que les combats faisaient rage entre les soldats britanniques et les milices loyales à Saddam Hussein, un soulèvement se préparait dans le sud de la ville. Information fournie par des « services de renseignements » à Richard Gaisford, de GMTV, embarqué avec les militaires anglais, et aussitôt reprise en boucle par CNN. Même si le Daily Telegraph titrera « La meilleure nouvelle de la guerre pour les alliés », on attend toujours le soulèvement promis.
La pseudo-colonne de tanks de Bassora. Cent vingt véhicules irakiens seraient sortis de Bassora pour attaquer la coalition, le 26 mars. Jeudi 27, les journaux racontent la bataille contre ces 120 véhicules. On apprendra trois jours plus tard qu’ils n’étaient que trois !

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