Covid-19 : comment Omicron va-t-il affecter l’Afrique ?

Le variant circule déjà en Europe, puisqu’il a été détecté en Belgique la semaine dernière, mais c’est à des pays du continent que des restrictions internationales sont une fois de plus imposées.

Des vaccins AstraZeneca (COVID-19), redéployés de la RDC, arrivent à l’aéroport international de Kotoka à Accra, Ghana, le 7 mai 2021. © Francis Kokoroko/REUTERS

Des vaccins AstraZeneca (COVID-19), redéployés de la RDC, arrivent à l’aéroport international de Kotoka à Accra, Ghana, le 7 mai 2021. © Francis Kokoroko/REUTERS

Publié le 1 décembre 2021 Lecture : 4 minutes.

Deux jours seulement après avoir été pour la première fois identifié en Afrique du Sud, le 24 novembre 2021, le variant B.1.1.52, plus connu sous le nom d’Omicron, a été classé « préoccupant » par l’OMS. « Les premiers éléments semblent indiquer qu’il présente un risque accru de réinfection par rapport à d’autres variants, précise un communiqué de l’organisation. Le nombre de cas dus à ce variant paraît augmenter dans presque toutes les provinces d’Afrique du Sud. »

Résultat : plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, les États-Unis, la Thaïlande, ou encore la France, ont fermé leurs frontières à certains États africains, à commencer par l’Afrique du Sud, le Botswana, le Lesotho et l’Eswatini.

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Décision hâtive

Nombre de leurs dirigeants se sont immédiatement élevés contre cette stratégie, parmi lesquels la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor. « L’Afrique du Sud respecte le droit de tous les pays à prendre les précautions nécessaires pour protéger leurs citoyens, a-t-elle déclaré. Mais la décision du Royaume-Uni d’interdire temporairement l’entrée des Sud-Africains sur son territoire semble avoir été prise à la hâte, alors même que l’OMS n’a pas encore formulé d’avis sur les prochaines étapes. »

L’OMS a pour l’heure recommandé aux États de travailler « en coordination avec la communauté internationale ».

Ironiquement, la découverte du variant Omicron a été confirmée par une équipe de recherche sud-africaine. Le pays possède en effet l’infrastructure nécessaire pour permettre de séquencer efficacement le virus et de détecter de nouveaux variants.

L’Afrique du Sud est punie pour son travail scientifique remarquable

L’apparition d’Omicron survient alors que le tourisme commençait tout juste à repartir en Afrique du Sud. En quelques jours, un milliard de rands (environ 55,6 millions d’euros) de réservations ont été annulées à la suite des restrictions de voyage imposées par plusieurs pays, fait savoir la Thomson Reuters Foundation. Les personnes travaillant dans ce secteur craignent déjà une nouvelle vague de suppression d’emplois. « L’Afrique du Sud est punie pour son travail scientifique remarquable », a déploré Tshifhiwa Tshivhengwa, président du Tourism Business Council of South Africa (TBCSA).

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Dans la foulée, le rand sud-africain a chuté à son plus bas niveau depuis plus d’un an, le 25 novembre. Il a perdu encore 2,15 % vendredi 26 novembre, lorsque les marchés asiatiques ont appris la nouvelle au réveil.

Le 28 novembre, l’attachée de presse du gouvernement éthiopien a condamné sur Twitter les interdictions de voyage, en citant les hashtags #VisitEthiopia et #OmicronVariant. « Venez visiter en Éthiopie les nombreuses régions épargnées de la Corne de l’Afrique et faites-vous votre propre avis. Les restrictions de voyage contre les pays d’Afrique australe face au variant Omicron sont une réponse hâtive », a-t-elle écrit.

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Possibles ravages

Addis-Abeba est empêtrée dans la guerre au Tigré, qui a entraîné une famine massive et occasionné de multiples crimes de guerre commis par tous les belligérants. Si la diffusion du nouveau variant s’accélérait, il risquerait de faire des ravages dans cette région.

L’apparition de ce nouveau variant a remis en lumière l’inégalité d’accès aux vaccins en Afrique, où seulement 4,4 % de la population a un schéma vaccinal complet, selon l’OMS. À titre de comparaison, près de 66 % des habitants du Royaume-Uni sont vaccinés contre le Covid-19.

Les données relatives au déploiement du programme COVAX ont en outre révélé qu’il ne représentait que 5 % des vaccins distribués sur l’ensemble de la planète. Il a récemment annoncé qu’il n’atteindrait pas son objectif de deux milliards de doses administrées pour 2021.

En octobre, une enquête du Bureau of Investigative Journalism a accusé COVAX de « mettre à l’écart les organisations représentant les intérêts des pays pauvres dans ses discussions de premier plan, ce qui empêche ceux qui ont le plus besoin du vaccin de se faire entendre ».

Un frein pour les entreprises pharmaceutiques africaines

Problème : laisser des pays avec une couverture vaccinale très faible, comme c’est le cas dans de nombreux endroits du continent, peut favoriser le développement de nouveaux variants plus dangereux. Beaucoup d’États affichant un taux de vaccination élevé, tels que le Royaume-Uni, la France et le Canada, proposent d’ailleurs déjà une dose de rappel aux personnes éligibles et ont commencé à faire des réserves.

Le Burundi et l’Érythrée n’ont par exemple pas encore lancé de programme de vaccination, tandis que Moderna refuse de partager sa formule, en invoquant la propriété intellectuelle. Cette attitude constitue un frein pour les entreprises pharmaceutiques africaines, qui tentent elles aussi de produire un vaccin contre le coronavirus.

Le Ghana entend poursuivre son programme de vaccination, en rendant le vaccin obligatoire notamment pour les agents du secteur public et le personnel de santé, à partir du 22 janvier 2022. À ce jour, le Ghana a reçu 12 millions de vaccins contre le Covid-19, et neuf millions de doses supplémentaires sont attendues avant la fin de l’année. La plupart a été obtenue par le biais de COVAX.

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