Main dans la main avec les ONG

L’État et la Fondation Mohammed-V, créée par le roi, apportent un soutien accru aux associations qui oeuvrent sur le terrain.

Publié le 8 avril 2003 Lecture : 3 minutes.

Des maux qui gangrènent le Maroc, la pauvreté est le plus flagrant. Les mendiants peuplent les avenues de toutes les cités du royaume, l’exode rural, dû à des années de sécheresse, a fait affluer aux alentours des villes des populations paupérisées, en quête de travail. Les chiffres, alarmants, n’ont fait qu’empirer durant la dernière décennie : selon un rapport publié en 2002 par le Centre d’études et de recherches démographiques (Cered), le taux de pauvreté – soit un revenu ne permettant pas de couvrir les besoins essentiels – est passé de 13,1 % en 1990 à 19 % en 1999. L’analphabétisme atteint des records. Plus de 55 % de la population ne sait ni lire ni écrire. En milieu rural, ce taux atteint 75 %…
Sous le règne de Hassan II, la lutte contre la pauvreté était menée de manière épisodique : programmes alimentaires destinés aux mères et aux enfants, entraide nationale… Il faudra attendre l’implication dans la vie publique du prince héritier Sidi Mohammed – futur Mohammed VI – pour que ce combat devienne institutionnel. Le 14 octobre 1998, il lance une « semaine de solidarité » : partout, on vend des badges, des tee-shirts et des casquettes portant le slogan : « Unis pour aider les démunis ». L’opération, très relayée par les médias nationaux, rapporte 84 millions de dirhams (7,8 millions d’euros). C’est la naissance d’une action de politique publique en continu. Le futur roi décide de créer la Fondation Mohammed-V pour la Solidarité, du nom de son grand père, et fait de la lutte contre la pauvreté son principal cheval de bataille. « Il faut, dit-il alors, améliorer la situation des couches touchées par la pauvreté. »
Un an plus tard, Mohammed VI est sur le trône. Il lance une deuxième campagne de solidarité et distribue des ftours (repas de la rupture du jeûne) pendant le mois de ramadan. Le montant des collectes est de plus en plus encourageant. En 2002, la cinquième campagne de la Fondation Mohammed-V a engrangé près de 170 millions de dirhams. Avec ces dons, elle subventionne des organisations non gouvernementales (ONG) impliquées de longue date sur le terrain : programmes d’alphabétisation, octroi de microcrédits, éducation non formelle des enfants des campagnes… La fondation BMCE, par exemple, dirigée par l’ancienne championne olympique Nawal el-Moutawakel (voir page 77), construit des centres de scolarisation pour enfants ruraux. D’autres ONG accordent des financements pour des microprojets, principalement en milieu rural. C’est le cas de la Fondation Banque populaire pour le microcrédit (FBPMC) ou encore d’Al Amana, dont le président n’est autre que le Premier ministre Driss Jettou, et le vice-président Abdelaziz Alami, le président de la Banque commerciale du Maroc (BCM).
Championne toutes catégories de ces ONG, la fondation Zakoura, créée en octobre 1995 par le publicitaire Noureddine Ayouch, montre aujourd’hui des résultats impressionnants. Implantée sur tout le territoire, elle a octroyé depuis sa création près de 240 000 microcrédits – dont 98 % à des femmes -, a créé 194 écoles d’éducation non formelle pour les enfants et alphabétisé 40 000 adultes. En tout, 900 salariés à plein temps, répartis dans cinquante points du royaume, apprennent à lire et à écrire à des adultes, scolarisent des enfants, distribuent des microcrédits, aident de jeunes chômeurs à créer leur micro-entreprises…
Les onze ONG que compte le Maroc ont mis les bouchées doubles : l’année dernière, la valeur globale des crédits octroyés a atteint 303 millions de dirhams, contre 166 millions en 2001. « Une croissance remarquable », constate, satisfait, le ministre de l’Économie et des Finances Fathallah Oualalou. Le soutien de l’État est, lui aussi, de plus en plus important : le ministère du Tourisme, des Offices publics, et celui de l’Emploi agissent main dans la main avec ces ONG. La pauvreté, le Maroc l’a décidé, n’est pas une fatalité.

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