L’union sacrée

Publié le 8 avril 2003 Lecture : 1 minute.

L’instauration d’un régime démocratique à la sauce américaine en Irak risque-t-elle de déstabiliser la Syrie, l’autre grande dictature baasiste de la région ? C’était le souhait, non dissimulé, des stratèges du Pentagone. La « République héréditaire » syrienne, propriété de la famille Assad et du clan alaouite, repose sur une base sociale étroite. Pourtant, jamais le régime n’a paru aussi en phase avec sa population. À Damas, c’est l’union sacrée derrière le président et le parti qui prévaut. Les autorités sont en accord avec leur opinion, farouchement nationaliste et solidaire (comme en 1991) du peuple irakien. La guerre déclenchée par les États-Unis a eu pour résultat paradoxal de renforcer considérablement le régime de Bachar sur le plan intérieur. C’est le seul du monde arabe à ne pas redouter de dérapages pendant les manifestations populaires. Les Damascènes ont été des centaines de milliers à battre le pavé et à exprimer leur colère le 25 mars, deux jours après la destruction « involontaire » par l’aviation anglo-américaine d’un autocar syrien à Routbeh, dans l’ouest de l’Irak (cinq morts). Ils ont pu conspuer librement le « porc » Bush et « son laquais, le caniche Tony Blair », et s’en prendre aussi aux dirigeants arabes traîtres. En réconciliant le peuple avec le pouvoir, les Américains, décidément très doués en matière de politique arabe, ont très certainement annihilé toute possibilité de changement démocratique dans l’un des systèmes les plus fermés et les plus répressifs de la région. Chapeau bas !

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