Dans « Noires et Blanches », Damien Glez esquisse des femmes hautes en couleurs

Dans ce nouveau recueil de poèmes et de dessins, notre collaborateur brosse avec tendresse et tout en contradictions une galerie de 32 portraits de femmes.

« Noires et Blanches», de Damien Glez, La trace, 82 pages, 24 euros © GLEZ

« Noires et Blanches», de Damien Glez, La trace, 82 pages, 24 euros © GLEZ

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 6 décembre 2021 Lecture : 2 minutes.

De Damien Glez, vous connaissez le trait aiguisé et la plume acérée. Ce que vous avez pu remarquer aussi, si vous êtes attentif à ses dessins de presse, notamment dans Jeune Afrique, c’est la tendresse contenue de ses caricatures. Même quand il croque les plus redoutables des dictateurs, même quand il s’en prend aux monstres froids de la politique ou de l’économie, il laisse à ses victimes cette part d’humanité qui fait d’eux nos semblables, indiscutablement.

Cette tendresse du regard, c’est ce qui ressort de son recueil de dessins et de poèmes, Noires & Blanches, qui vient de paraître aux éditions La Trace. Livre inclassable, il rassemble une trentaine de portraits de femmes accompagné d’autant de textes. Et si les dessins sont bel et bien en noir et blanc, l’ensemble est tout en contrastes. « Le temps d’une galerie de portraits, 32 femmes deviennent sœurs de trait, écrit l’artiste dans son avant-propos. Dames de fer ou muses d’argile, proches de leur naissance ou au crépuscule de leur parcours, originaires d’un sud épuisé, d’un nord désabusé, d’un orient énigmatique ou d’un occident en trompe-l’œil, elles autorisent le clair-obscur à découper leurs silhouettes et à sculpter leurs histoires. »

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« Voyage subjectif en féminité contemporaine »

Chaque double page de ce livre propose ainsi une rencontre avec une femme, connue ou pas, représentative ou pas. « Mademoiselle Juron », qui jure à qui mieux-mieux, voisine avec « Nikky », qui astique « la gâchette / D’une Winchester à canon court », la chanteuse « Rickie » Lee Jones entonne « Flying Cowboy » tandis que disparaît une inconnue sous un parapluie, « En haut d’un escalier / Avant que je pavoise / La silhouette engouffrée / N’est plus qu’ombre chinoise ».

Alors oui, l’actualité politique est présente entre les lignes, quand Damien Glez évoque le conflit du Haut-Karabakh dans les années 1990, l’interdiction de l’excision au Sénégal en 1999, l’attentat kamikaze du métro de Moscou le 29 mars 2010 ou la tuerie d’El Paso, au Texas, en 2019. Mais plus que de dénoncer ou de chercher à expliquer, Damien Glez propose « un voyage subjectif en féminité contemporaine ».

Sans faux-semblants, car entre les vers et les coups de crayons, il se livre en grand amoureux des femmes. Dans toutes ses contradictions : « Les filles aux cheveux courts / C’est pour elle que l’on court / Qu’on a le souffle court », clame-t-il ici. « Pris au piège dans cette tresse / Sa chevelure est ma laisse / Le cadenas romanesque / D’étourdissantes arabesques », soutient-il ailleurs ! Contradictions ? Peut-être. À moins que ce ne soit un trop plein d’amour pour celles qui, comme le rappelle l’humoriste Roukiata Ouedraogo dans sa préface, « portent la moitié du ciel ».

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