Le parcours atypique de « Titid »

Publié le 8 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Né le 15 juillet 1953 à Port-Salut, dans le sud d’Haïti, le père Jean-Bertrand Aristide – Titid, pour ses partisans – est élu président de la République en décembre 1990. Il prête serment, comme c’est toujours le cas en Haïti, le 7 février 1991. Partisan de la Théologie de la libération, il essaie de faire des purges dans l’armée et dans l’administration, de combattre le grand banditisme. Sans succès. Il s’aliène le Parlement, auquel il privilégie le contact direct avec le « peuple » et, surtout, les couches déshéritées. À chaque rumeur ou tentative de putsch, il prend à témoin le petit peuple, qu’il envoie à l’occasion – à coups de métaphores et de proverbes du cru – « déchouker » (liquider) certains de ses adversaires. Le 30 septembre 1991, il est renversé par un groupe d’officiers ayant à leur tête le général Raoul Cédras. Titid part pour un long exil – trois ans – à Caracas, puis à Washington, d’où il organisera son retour aux affaires.
Le 15 octobre 1994, il rentre au pays, sous la protection de soldats américains, suprême compromission pour un militant révolutionnaire. Ses tombeurs prennent à leur tour le chemin de l’exil. Il procède à la dissolution des Forces armées d’Haïti, aussitôt remplacées par une force de police nationale formée avec l’aide de l’ONU. Il termine le reste de son mandat, puis s’efface, la Constitution prohibant deux quinquennats présidentiels consécutifs. Avant de tirer sa révérence, Titid prend néanmoins le soin de faire élire son Premier ministre, René Préval, qui lui garde la place au chaud.
Il profite de l’intermède pour se faire construire une superbe villa à Tabarre, un quartier chic situé sur les hauteurs de la capitale. Il renonce à son sacerdoce pour épouser Mildred Trouillot, une avocate américaine d’origine haïtienne, qu’il a connue à Washington et qui lui donnera deux enfants. Il anime la Fondation Aristide pour la démocratie, crée un parti politique, Pati Fanmi Lavalas, et prépare son retour au premier plan.
Pati Fanmi Lavalas remporte les législatives controversées de mai et juillet 2000. La même année, le 26 novembre, Titid redevient président d’Haïti, au terme d’un scrutin boycotté par l’opposition, qui entend ainsi protester contre les fraudes qui ont émaillé les législatives. Aristide prête serment le 7 février 2001 dans une atmosphère de crise, qui persiste.

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