La relève au pied du mur

Les « jeunes » de l’équipe Jettou incarnent une réelle volonté de changement. Mais ils savent qu’ils seront jugés sur leurs résultats.

Publié le 8 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

La composition du gouvernement a suscité au Maroc énormément de commentaires… mitigés. Le choix de Driss Jettou au poste de Premier ministre laissait présager un « gouvernement de mission » resserré et homogène. Or la nouvelle équipe se compose de trente-huit ministres ou secrétaires d’État, soit six de plus que le gouvernement Youssoufi, et le savant dosage entre politiciens du sérail et technocrates donne un peu l’impression que l’ensemble manque de cohérence. Enfin, nombre de barons ont été reconduits dans leurs fonctions, et l’équipe n’est globalement ni plus jeune ni plus féminine que la précédente. Un certain nombre de signes indiquent néanmoins une évidente volonté de changement. L’arrivée, à des postes souvent stratégiques, de « bizuths » de la nouvelle génération en est un.
Nous avons choisi de vous présenter cinq ministres ou secrétaires d’État qui incarnent, à un titre ou à un autre, la relève : Yasmina Baddou, Nabil Benabdellah, Adil Douiri, Mohamed el-Gahs, et Karim Ghellab. C’est leur profil (jeunes, battants et modernes) plus que leur identité partisane, pas nécessairement très affirmée, qui a retenu l’attention de Driss Jettou. Ils peuvent servir d’amorce au renouvellement d’une classe politique marocaine très – trop ? – décriée. Ces « jeunes » du gouvernement sont très attendus. Conscients de cela, ils rivalisent de modestie. Ils ne conçoivent pas forcément la politique comme un métier et éprouvent parfois une certaine difficulté à couper complètement les ponts avec leur vie d’avant. Mohamed el-Gahs, par exemple, n’a pas formellement quitté son quotidien, Libération, et ne veut pas s’interdire d’y écrire. Ghellab, lui, continue à diriger l’Office national des chemins de fer…
Tous savent qu’ils seront moins jugés sur leur aptitude à communiquer que sur celle à produire des résultats en fin de législature. Ils n’ont pas droit à l’échec. Les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD) sont en embuscade. Grands bénéficiaires du discrédit général de la classe politique, ils préparent avec gourmandise les futures échéances électorales. Les esprits, au Maroc, sont déjà tournés vers les législatives de 2007.

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