Karim Ghellab, ministre de l’Équipement et des Transports

Publié le 8 avril 2003 Lecture : 3 minutes.

Il arrive avec une heure de retard au rendez-vous, s’assoit visiblement mal à l’aise, sans doute peu habitué au jeu des questions-réponses. Karim Ghellab, 36 ans, est l’un des plus jeunes ministres du gouvernement Jettou. Non, vraiment, il ne voit pas l’utilité de cette interview, et se montre un peu réticent à raconter sa vie. Il nous apprend tout de même qu’il est issu de la classe moyenne casablancaise, mais que sa famille est originaire de Fès. Sa scolarité ? Sans histoire : école française Claude-Bernard de Casablanca, puis le fameux lycée français Lyautey, où il ne constate « aucune différence avec ses camarades des établissements publics marocains ». En 1984, baccalauréat technique – mention assez bien – en poche, il part pour Nancy, en France, et s’inscrit en classe préparatoire de mathématiques supérieures. Trois ans plus tard, il est reçu à la prestigieuse École des ponts et chaussées et « monte » à Paris. Il a 21 ans et vient de faire connaissance avec une jeune fille d’origine italienne. Sur elle, il n’en dira pas plus… Sorti de l’école avec son diplôme d’ingénieur, il reste en France. Après une première expérience chez Axa, il intègre un cabinet de conseil, pour le compte duquel il effectue des missions d’organisation d’entreprises privées ou semi-publiques, en province et à l’étranger. Trois ans et demi passent, il lui prend l’envie de se marier – avec sa belle Italienne – et de rentrer au pays. Il revient à bord « d’une petite Volkswagen, moteur Diesel, parce que le carburant est moins cher ». Petit sourire. Monsieur le ministre commence à se détendre…
Que faire au Maroc ? Pas question de se soumettre à des contraintes hiérarchiques pesantes : Karim Ghellab choisit d’intégrer l’administration et d’accepter un poste de directeur régional au ministère de l’Équipement, à Al-Hoceima, dans le nord du pays. C’est le début d’une ascension fulgurante. Nous sommes en 1994, le « Parisien » découvre les montagnes du Rif et leurs habitants. Au pied du mur, il n’a d’autre choix que de s’adapter rapidement. D’autant qu’il y a urgence : cette année-là, des pluies torrentielles se sont abattues sur la région. Karim Ghellab, débordé, travaille d’arrache-pied pour remettre en état les infrastructures dévastées. Il s’acquitte de son travail parfaitement et est muté dans une région plus clémente, à Benslimane, dans les plaines de la Chaouia. L’expérience se révèle concluante et le mène finalement à Rabat, au siège du ministère, où il est nommé directeur du programme et des études, un département stratégique. En 1997, on lui confie le poste, plus important, de directeur des routes et de la circulation routière. Tout fonctionne bien, jusqu’au 14 mars 1998, date à laquelle Bouamor Taghouane est nommé à la tête du ministère de l’Équipement. Karim Ghellab ne s’entend pas du tout avec le nouveau ministre, qui le démet de ses fonctions. Tout s’effondre. Accessoirement, son salaire est brutalement divisé par trois…
Mais Mohammed VI, qui avait repéré ce brillant et ambitieux ingénieur, répare le préjudice : Ghellab intègre alors l’ONA, premier groupe du pays, où il supervise avec brio le projet du port Tanger-Atlantique, le plus grand chantier du pays. La voie est désormais toute tracée : en août 2002, le roi le nomme à la tête de l’Office national des chemins de fer (ONCF). Il se lance dans un vaste programme de restructuration de l’Office et de ses infrastructures. En septembre dernier, il est nommé ministre par Driss Jettou. Un beau pied de nez à Bouamor Taghouane, et un joli parcours : il n’aura pas fallu plus de huit ans à Karim Ghellab pour accéder à la plus haute marche de son secteur.

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