Cameroun : Maurice Kamto privé de sortie

Lors de son séjour dans la capitale économique, l’opposant a été empêché de sortir de son hôtel pendant plus de 24 heures. Un nouvel épisode dans le bras de fer qui l’oppose aux autorités depuis la présidentielle de 2018.

Maurice Kamto à Paris en janvier 2020. © STEPHANE DE SAKUTIN/AFP

Maurice Kamto à Paris en janvier 2020. © STEPHANE DE SAKUTIN/AFP

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 2 décembre 2021 Lecture : 3 minutes.

Ce jeudi 2 décembre, c’est finalement sous escorte policière que l’opposant Maurice Kamto a été conduit vers la sortie de Douala, d’où il a pris la route pour Yaoundé. L’épilogue d’un séjour mouvementé, au cours duquel il aura été retenu dans son hôtel pendant plus de 24 heures et empêché de tout mouvement.

Le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) est-il persona non grata dans la ville ? Le dispositif sécuritaire mis en place pour encadrer sa venue a en tout cas surpris. Maurice Kamto était arrivé à Douala le mardi 30 novembre. Selon les officiels du MRC, il avait deux objectifs : rencontrer les personnes toujours incarcérées dans le cadre des manifestations organisées en septembre 2020 et participer à une séance de dédicace de quatre de ses ouvrages.

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Impressionnant dispositif sécuritaire

Au premier jour de sa visite, l’opposant s’est donc rendu à la prison centrale de Newbell, avant de tenir une réunion au siège de son parti dans le quartier Déïdo. Dans ce faubourg populaire de la ville de Douala, il a improvisé un meeting politique au cours duquel il a réclamé la libération de ses camarades, tout en réaffirmant à ses sympathisants son engagement pour « l’avènement d’une société démocratique au Cameroun ».

Que ceux qui veulent la bagarre se préparent à la bagarre

« La voix que nous avons choisie est la meilleure, c’est celle d’un changement dans la paix et par les urnes, a-t-il lancé devant une foule conquise. Mais le fait d’avoir choisi la paix ne veut pas dire que nous fuyons la bagarre. Que ceux qui veulent la bagarre se préparent à la bagarre. »

La sortie n’est pas passée inaperçue. Le soir même, les autorités de la ville ont tenu une réunion de sécurité au cours de laquelle décision a été prise d’empêcher l’opposant d’aller à la rencontre de son public le lendemain. Présents ce soir-là, le délégué régional de la police et le commandant de la gendarmerie ont été chargés de la mise en application de cette décision.

Au matin du 1er décembre, un impressionnant dispositif sécuritaire composée de véhicules anti-émeutes, de nombreux policiers et de gendarmes était visible dans le quartier Bonapriso, devant le restaurant qui devait abriter la dédicace, mais aussi devant l’hôtel Vallée des princes, où séjournait l’homme politique.

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Incarcération et résidence surveillée

Au milieu de la journée, Albert Dzongang, le conseiller de Maurice Kamto, a été autorisé à entrer dans l’établissement. Il lui a été demandé de dire à l’opposant qu’il pouvait quitter l’hôtel, mais uniquement pour retourner à Yaoundé, où se trouve sa résidence principale. La même consigne a été transmise à ses avocats, venus s’enquérir de sa situation. « Il nous a répondu qu’il s’en irait lorsque son séjour serait achevé, pas avant », a expliqué Me Fabien Kengne à la presse.

Ce n’est pas la première fois que Maurice Kamto est ainsi restreint dans ses mouvements. En 2020, entre la fin du mois de septembre et le mois de décembre, il avait – de fait – été placé en résidence surveillée pendant près de trois mois, sans qu’aucun motif officiel ne lui soit communiqué. L’année précédente, accusé d’atteinte à la sureté de l’État, le candidat malheureux à la présidentielle de 2018 avait passé près de neuf mois à la prison centrale de Kondengui. Avant d’être finalement libéré sur instruction du président Biya.

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