Réchauffement climatique – Ahmed Reda Chami : « Les pays industrialisés doivent tenir leurs engagements ! »
Une étude pilotée par le président du CESE marocain et présentée à Glasgow lors de la COP26 montre que le dérèglement climatique a des conséquences graves sur le quotidien des citoyens africains et menace d’enrayer la dynamique de développement de l’Afrique tout entière.
Ancien ministre marocain du Commerce et de l’Industrie, ex-ambassadeur du Maroc auprès de l’Union européenne (UE), et actuellement président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami a piloté récemment une vaste étude sur l’action climatique en Afrique.
Un travail réalisé dans le cadre de l’Union des conseils économiques et sociaux, et institutions similaires d’Afrique (UCESA) en partenariat avec l’université Mohammed-VI-Polytechnique, et qu’il a présenté à Glasgow en marge de la COP26.
Sortant des sentiers battus des mille et une études sur le climat, Ahmed Reda Chami et ses équipes se sont intéressés dans cette recherche à la perception par les citoyens africains du changement climatique et des défis environnementaux.
Les résultats et conclusions sont sans appel. Contrairement aux idées reçues, l’étude montre que 60 % des citoyens africains se sentent très préoccupés par l’impact du changement climatique, un taux similaire à celui des États-Unis.
L’étude montre également les effets néfastes et directs de la dégradation de l’environnement sur le quotidien des Africains, mais aussi sur la dynamique de développement social et économique du continent.
Les citoyens africains subissent quotidiennement les impacts du changement climatique
Le rapport pointe la responsabilité des pays développés et pollueurs qui continuent d’ignorer les énormes risques que ce sujet fait peser sur le continent et sur la paix dans le monde. Des sujets sur lesquels Ahmed Reda Chami revient longuement et sans langue de bois dans une interview accordée à Jeune Afrique.
Jeune Afrique : comment expliquez-vous l’inquiétude grandissante des Africains face au changement climatique, qui ressort notamment dans le rapport que vous avez présenté à la COP26 début novembre ?
Ahmed Reda Chami : L’étude sur l’action climatique en Afrique nous a permis de faire la lumière sur la perception qu’ont les citoyens africains du changement climatique, et de dégager des enseignements et des solutions appropriées.
Sur les 8 200 citoyens africains, de différentes catégories socio-professionnelles, interrogés, 60 % se sentent très préoccupés par l’impact du changement climatique. Ce niveau de préoccupation, certes inférieur à celui observé en Europe (près de 85 %), mais similaire à celui qu’on relève aux États-Unis et en Australie, demeure élevé, et ce malgré le nombre insuffisant de campagnes d’information et de sensibilisation gouvernementales.
Notre étude a également démontré que les citoyens africains subissent quotidiennement, fortement et directement, l’impact du changement climatique.
Les citoyens africains ont le sentiment d’avoir basculé, de manière irréversible, dans une époque incertaine et lourde de menaces, avec son lot de conséquences néfastes pour leurs communautés à court terme, une situation dont ils ne sentent pas directement responsables. Au total, un fort sentiment de vulnérabilité prédomine chez les populations africaines, ainsi qu’un constat d’impuissance, leurs pays étant incapables d’apporter les réponses appropriées aux inégalités et à la pauvreté causées par le changement climatique.
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