« Je suis fier d’être français »

Publié le 8 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

A l’heure où j’écris ces lignes, nul ne sait comment va évoluer la situation en Irak. Compte tenu de son écrasante supériorité, l’armée américaine, nous disent les « experts », aura rapidement le dessus. Mais même s’il « remporte une bataille », Bush n’aura pas pour autant « gagné la guerre », comme disait le général de Gaulle en juin 1940. Car pour gagner la seule guerre qui vaille, celle qui permettra plus de solidarité entre les peuples et mettra fin au drame israélo-palestinien, il faut que soit enfin respecté et appliqué partout le droit international. Or le gouvernement des États-Unis vient de le violer gravement, ce qui a dressé contre lui l’immense majorité des États et la quasi-totalité de la population mondiale.
Dans ce contexte tragique, la France a été fidèle au message du général de Gaulle. À part quelques politiciens et intellectuels, de droite comme de gauche, qui feraient volontiers de notre pays une colonie américaine et un allié inconditionnel d’Israël, l’ensemble de la population française et l’écrasante majorité de ses élus ont soutenu l’action courageuse menée par le président Chirac et par notre ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin. Aujourd’hui, je suis fier d’être français, ce qui – hélas ! – ne fut pas toujours le cas dans le passé. Car, comme tous ceux de ma génération, j’ai connu les sombres heures de l’occupation nazie, la médiocrité de nos dirigeants durant les dernières années de la colonisation, la honteuse expédition de Suez et trop d’autres événements peu glorieux, indignes de la vocation internationale de la France.

Si je suis heureux que, cette fois, notre pays ait, lucidement et fermement, refusé que la force prime le droit, je le suis aussi qu’en ces graves circonstances, l’Église catholique, dont je suis membre, ait été fidèle à son message. Ce ne fut pas toujours le cas, ces dernières années, en Europe, où une partie de la hiérarchie ecclésiastique est demeurée silencieuse face à l’injustice faite au peuple palestinien. Contrairement à certains prélats français, le Vatican, lui, n’a cessé de rappeler les droits de ce peuple, et il a dénoncé vigoureusement la guerre entreprise contre l’Irak. Aux prédications de Bush sur « l’axe du Mal », Jean-Paul II a répliqué que « le Mal, c’est la guerre ». Et à la veille du déclenchement des opérations militaires, le Saint-Siège a affirmé que le gouvernement américain commet une faute dont il devra rendre compte devant Dieu et devant l’Histoire.
Ce n’est certes pas la première fois que ce gouvernement bafoue le droit international. Mais la façon dont il vient de le faire est si inacceptable que son comportement cynique risque fort de se retourner contre lui. Alors que, jusqu’ici, les États-Unis ont soutenu Israël dans son refus de respecter les résolutions de l’ONU, ils ne pourront pas indéfiniment, seul contre tous les autres peuples, continuer à être les complices de Sharon. Quelle que soit l’issue de la guerre à Bagdad, le jour approche où, après tant de souffrances, cessera enfin l’injustice à Gaza, à Bethléem, à Jérusalem.

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* Père blanc, docteur ès lettres, cofondateur du groupe d’amitié islamo- chrétienne.

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